C'est enfin la rentrée ! Tout le monde se mobilise depuis quelques semaines afin de garantir un bon départ pour l'année scolaire 2007/2008. Les enseignants, déjà fin prêts, vont entamer cette nouvelle année dans la sérénité et avec volonté et courage en espérant accomplir leur travail dans de bonnes conditions, seules garantes d'un bon déroulement des cours et d'un meilleur résultat aux examens. Toutefois, les profs, nouvellement recrutés, éprouvent sans doute un peu d'angoisse à l'approche du jour J, chose tout à fait naturelle qui ne tardera pas à se dissiper. C'est que de nos jours, le métier d'enseignant devient de plus en plus difficile, surtout que nous (les profs) avons affaire à un public toujours jeune et dont la conduite est quasi imprévisible car en perpétuel changement, ce qui nous oblige à être en permanence au diapason de toutes les nouveautés qui touchent la jeunesse de prés ou de loin car, cela influe, qu'on le veuille ou non, sur notre attitude, nos méthodes et nos rapports avec nos jeunes élèves toujours avides de changement et de modernité. Ce contact permanent avec les jeunes est en effet un grand enrichissement sur le plan professionnel. Cela me rappelle un conseil que m'a donné un ancien professeur alors que j'étais à mes débuts dans le métier : « Eux, (les élèves) ils sont toujours jeunes ; et nous autres les profs, on vieillit un peu chaque jour, mais il faut garder l'esprit jeune pour mieux les comprendre ! » Ce conseil avait son pesant d'or surtout pour un stagiaire qui avait encore peur de la classe et qui ne savait à quel saint se vouer pour gérer ses élèves et asseoir son autorité. J'avoue avoir bien apprécié ce conseil qui m'a été d'un grand intérêt durant toute ma carrière, aussi l'ai-je transmis à tous les nouveaux profs qui, malgré toute leur bonne volonté, sont souvent en butte à divers obstacles avec leurs classes. En effet, pour réussir ce métier d'enseignant, il faut se doter d'un esprit ouvert, il faut être compréhensif, coopératif, affectueux et tolérant, tout en étant autoritaire, car il n'y a pas d'enseignement sans autorité. Toutefois, avoir toutes ces qualités à la fois est un véritable défi à relever, d'autant plus qu'aucune planification préalable ne peut prétendre à gérer parfaitement une classe, car il n'y a pas de recette magique en matière d'enseignement et que la réussite ou l'échec d'un enseignant dans l'exercice de son métier dépend énormément de son tact, de sa personnalité et de sa capacité d'agir, à bon escient et avec sagesse, dans des situations nouvelles, parfois très complexes et très difficiles, dictées par des réalités ou des circonstances nouvelles vécues par les élèves suite à un changement quelconque (social, familial, scolaire...). Son action pédagogique repose essentiellement sur la construction renouvelée du bon sens et d'ouverture d'esprit et sur l'adoption de nouveaux stratagèmes susceptibles de mener à bien sa tâche pédagogique, plutôt que de s'attacher à des méthodes rigides devenues de nos jours stériles. La gestion de classe, surtout lorsqu'elle est hétérogène (groupant des adolescents de niveaux très différents et issus d'horizons divers) est en effet le grand souci de tous les enseignants, qu'ils soient anciens ou nouveaux, surtout à chaque rentrée scolaire où se déroulent les tout premiers contacts avec les élèves : c'est une occasion de se découvrir et de se tester. Les jeunes enseignants auront peut-être quelques difficultés à surmonter, mais, qu'ils soient rassurés car ils seront certainement bien encadrés et soutenus par le Ministère de tutelle et par les anciens collègues. Toutefois, ils seront appelés à exercer une certaine autorité, leur autorité personnelle, non par le bâton et le bâillon, loin s'en faut, mais plutôt par le dialogue, surtout en s'engageant à ne dire que ce qu'on fait et ne faire que ce qu'on dit ; en d'autres termes, jamais de promesses non tenues afin de gagner la confiance de ses élèves. Il faut se montrer, par moments, surtout au début de l'année scolaire, un peu sévère et exigeant sans jamais se mettre en colère (Croyez-moi, la colère ne résout pas les problèmes, au contraire il ridiculise l'enseignant devant certains élèves qui cherchent à le mettre hors de ses gonds !) Tout cela contribue, dès les premiers jours, à mettre la classe sur les rails. Cependant, il faut faire montre de tolérance et de compréhension au fur et à mesure que les élèves s'adaptent aux nouvelles circonstances. En Angleterre, les profs adoptent cette méthode qu'ils illustrent par ce dicton : « Never smile before Christmas ! » (Ne jamais sourire avant Noël !). En matière de discipline, l'expérience montre que toute inconduite ou inconvenance provenant des élèves (Ö combien fréquentes !) ne mérite pas parfois sanction et n'appelle pas toujours la même punition ; cela dépend des cas et des circonstances et c'est là que se manifeste la personnalité du prof qui doit toujours donner l'impression à ses élèves qu'il sait tout sur leurs agissements, qu'il voit tout, même si parfois certaines astuces lui échappent, mais qu'il est toujours prêt à faire preuve d'indulgence. Le recours automatique à la punition n'est pas conseillé ; il faut savoir que certains cas d'indiscipline peuvent être traités par l'humour (surtout pas d'ironie, car les adolescents sont très sensibles !). Le prof qui a le sens de l'humour réussit mieux à convaincre les élèves récalcitrants, à les corriger et attirer leur attention tout en leur rappelant qu'ils sont là pour travailler et qu'il est là pour les aider. Ainsi, à la longue, la plupart des élèves préfèrent un prof qui les fait travailler à celui qui laisse tout faire. La mission du prof est avant tout humaine : il communique chaque jour avec des êtres humains qui se caractérisent par des attitudes, des réactions, des idées et des comportements différents. On retrouve en effet dans la même classe l'intelligent, le paresseux, l'espiègle, le gentil, le violent, l'agressif, le taciturne, le distrait, le discret, le mal élevé et le bien élevé, le sage et l'insolent, le timide et le courageux, et il y a même parfois l'élève handicapé. Il y a également l'élève qui participe, celui qui bavarde et celui qui somnole au fond de la classe. Devant tout ce monde hétérogène la tâche du prof devient plus difficile du fait qu'il doit, lors de ses cours et de son évaluation, prendre en considération tous ces cas spécifiques, pour atteindre plus ou moins son objectif, quitte à varier les méthodes pédagogiques et les outils didactiques. C'est qu'il est appelé souvent à être à la fois enseignant, éducateur, psychologue et sociologue. L'on sait déjà que cette hétérogénéité de la classe exclue toute égalité des chances entre les élèves et empêche souvent le fonctionnement normal des cours; ce qui nécessite un redoublement d'effort de la part de l'enseignant pour atteindre ses objectifs pédagogiques et satisfaire, dans la mesure du possible, tout ce public d'élèves composite. La mission devient plus difficile pour nos collègues exerçant dans les zones rurales qui ne bénéficient pas souvent des mêmes conditions de travail que leurs homologues dans les villes. Ils ont sans doute d'énormes difficultés à affronter dans l'exercice de leur métier (écoles isolées, difficulté de transport, manque d'équipement scolaire, niveau social et éducatif des parents souvent inférieur à celui des parents en ville, attitudes et mentalité des élèves ruraux souvent différentes que celles des élèves des zones urbaines, le contenu de certains manuels n'est pas toujours motivant pour les élèves ruraux et ne correspond pas à leurs besoins, visites peu fréquentes des inspecteurs...) Tout cela pousse ces enseignants à redoubler les efforts et à multiplier les sacrifices pour remédier à ces lacunes, surtout les enseignants nouvellement recrutés qui doivent se démener, contre vents et marrées, afin de transmettre le savoir et inculquer les bonnes valeurs à ces jeunes ruraux tout en assurant leur formation pour en faire de bons citoyens. Certes, c'est une mission difficile mais noble dont dépend le destin de tous nos enfants et qui contribue à l'avenir de toutes ces petites têtes encore fragiles qui constitueront les futurs cadres du pays, dotés d'un esprit critique et créatif pour pouvoir participer un jour à l'édification d'un avenir meilleur. On peut même dire qu'il est reconnu mondialement que rien dans la société ne se construira sans les enseignants. Ils font le plus beau métier du monde : former les générations futures. Et ce n'est pas une tâche facile ! La vocation et la passion sont deux facteurs essentiels pour la réussite de l'enseignant dans son métier. Car il faut aimer le métier pour pouvoir vivre quotidiennement avec les enfants, les écouter et prendre part à leurs préoccupations. On doit donc rendre à tous les enseignants l'hommage qu'ils méritent car si l'école résiste encore, malgré tous les problèmes qu'elle rencontre, c'est surtout grâce au dévouement et à la patience de tous ses serviteurs. C'est pourquoi ce rôle social éminent de l'enseignant, qui a perdu de son image ces derniers temps, (peut-être faute de rémunérations motivantes !) doit être revalorisé sur tous les plans. Bonne rentrée à tous !