Le jeune Syndicat des Magistrats de Tunisie (SMT) vient de passer un week-end studieux en tenant son deuxième congrès à Tunis. Avec une présence jugée satisfaisante, les travaux de ce congrès ont été l'occasion pour débattre des problèmes actuels rencontrés par les magistrats et des actions à entreprendre, même si certains préféraient renvoyer ce congrès à deux semaines plus tard. Raoudha Laâbidi, reconduite à la présidence du Syndicat, a précisé au Temps, que le Deuxième congrès représente un pas important bien que le syndicat ait été nouvellement crée. Le syndicat fit opposition, depuis sa création à toutes les lois qui essayaient de porter atteinte à l'indépendance de la justice et sa souveraineté. Par ailleurs, le syndicat a été une force de proposition. «Aucun projet de loi concernant les magistrats n'a été épargné, comme la loi sur la magistrature, celle de la Justice transitionnelle, la loi sur le terrorisme… Le Syndicat a toujours formulé ses positions et suggéré des alternatives. Des membres de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) ont eu l'opportunité de recevoir des exposés de la part du syndicat sur des expériences comparées dans d'autres pays », affirme la présidente. Elle pense que le deuxième congrès du Syndicat est important parce qu'il marque le passage de l'étape de la création et la fondation du syndicat à celle de la résistance et de la proposition. La magistrature est solidaire du peuple dans ses justes causes et dans la lutte contre le terrorisme. « Après la bataille fondamentale de l'indépendance de la magistrature, il s'agit maintenant de faire front commun contre le terrorisme», dit la présidente. Plusieurs magistrats dont certains sont membres de la Commission administrative du Syndicat, ont fait l'objet de menaces. « Ces menaces sont très graves, dont certaines ont dépassé le niveau des lettres pour être proférées directement, face à face », déplore notre interlocutrice. Comment réagiront les magistrats face à ces menaces ? Pour la présidente du SMT, dans la lutte contre le terrorisme, les magistrats ne feront pas machine arrière, car la Tunisie se trouve en danger. Tout le monde doit assumer ses responsabilités. « Les menaces sont totalement ignorés », affirme la présidente. Le dernier mouvement partiel dans le corps des magistrats initié par le ministre de la Justice sur de simples ordonnances ignorant totalement le rôle de l'Instance provisoire de la magistrature, intrigue les magistrats. Le SMT a réaffirmé sa position de principe s'opposant à l'intervention du pouvoir exécutif dans les affaires de la justice et le cursus professionnel des magistrats. «Aucun ministre n'aura sa place parmi nous, s'il essaye de s'immiscer dans les affaires internes de la magistrature. Tout le monde est revenu aux positions du Syndicat lorsqu'il affirmait que les prérogatives du ministre sont encore de mise tant que la loi règlementant l'activité des magistrats n'ait pas été abrogée », rappelle Raoudha Laâbidi. La commission du consensus au sein de l'Assemblée Nationale Constituante est parvenue à un accord concernant la composition du Conseil Supérieure de la Magistrature, selon lequel il sera formé à raison de deux tiers de magistrats et un tiers de non magistrats. Pour les magistrats, ils seront dans leur majorité élus. A ce sujet, le SMT compte coordonner sa position avec l'Union des Magistrats Administratifs (UMA). Une réunion aura lieu cette semaine pour arrêter une position commune. En attendant et pour le principe, Raoudha Laâbidi, rappelle que le Syndicat a toujours refusé qu'une partie étrangère aux magistrats s'immisce dans la vie professionnelle des magistrats. «Un ingénieur ne peut évaluer le travail d'un magistrat », déplore-t-elle. L'Instance Supérieure de la Magistrature devra être formée de façon exclusive de magistrats. Le Syndicat déplore la non association des magistrats dans la transition démocratique. Que compte faire dans l'immédiat le nouveau bureau exécutif ? Une tournée dans toutes les régions du pays est prévue pour la semaine prochaine. Des délégués régionaux seront élus. Ces délégués représenteront le bureau exécutif dans les régions. Hassine BOUAZRA Répartition des tâches au sein du nouveau bureau exécutif Raoudha Laâbidi (présidente) ; Boubaker Souguir (vice-président) ; Issam Lahmar (secrétaire général) ; Lotfi Rouis (trésorier) ; Walid Louguini (coordinateur général) ; Soufiene Ourabi (secrétaire général-adjoint) ; Faouzia Gomri (trésorière adjoint) ; Heyda Aydi (chargée de la communication) et Mansour Chalendi (chargé des relations avec les membres syndicaux et régionaux).