L'économie sociale et solidaire (ESS) regroupe des formes économiques variées – associations, coopératives, mutuelles, fondations – qui partagent des principes communs : placer l'homme au cœur de l'économie et mettre les activités économiques au service d'un engagement social.. Elle constitue un formidable atout pour répondre aux crises économique, sociale, environnementale et morale et apporter des solutions aux multiples défis auxquels sont confrontés les pays en développement et notamment ceux du Maghreb. Cette économie sociale et solidaire est liée à des thématiques telles que la lutte contre les exclusions, l'insertion par l'activité économique, le commerce équitable, les finances solidaires ou encore l'agriculture paysanne. L'ESS permet d'expérimenter de nouveaux modèles de développement qui interrogent fortement les modes de croissance existants. Elle contribue fortement à la cohésion sociale et au développement durable ; elle est en ce sens une réelle dynamique et un projet pour la société. Elle rassemble les entreprises qui cherchent à concilier activité économique et utilité sociale. Donnant la primauté aux personnes sur la recherche de profits, elles sont organisées autour d'une solidarité collective, d'un partage du pouvoir dans l'entreprise, et réinvestissent leur résultat dans les projets et au service des personnes, Coopératives, mutuelles, associations et fondations constituent un acteur économique de poids pour placer l'humain au cœur de l'économie de demain. Face aux bouleversements que connaît la région méditerranéenne, à la crise économique et à l'augmentation des déficits publics, le rôle de l'Etat comme celui de l'économie de marché se posent aux pays du Nord comme aux pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée (Psem). Pour relever ce défi, les initiatives issues du secteur de l'économie sociale et solidaire (ESS) apportent des solutions en projetant l'homme au centre du développement économique comme vecteur de cohésion sociale. Aujourd'hui l'ESS pèse près de 10% du PIB dans des pays comme la France, l'Espagne ou l'Italie, contre moins de 1% en Tunisie. Le contexte socio-économique de la Tunisie a favorisé l'insertion des organisations de ce secteur dans une logique d'entrepreneuriat social et collectif. Néanmoins, la particularité de la Tunisie est que ces organisations existaient déjà avant même l'indépendance. Sur le plan politique, elles ont été tantôt reconnues comme acteurs de développement économique et social, juste après l'indépendance, tantôt écartées, contrôlées et considérées comme un instrument d'amélioration d'image à l'international, essentiellement sous l'ancien régime. Le dispositif de l'économie sociale et solidaire en Tunisie est diversifié et en mutation constante suivant les priorités sociales et économiques du pays. Freins : blocages juridique et financier Certes il existe les freins au développement de cette économie sociale et solidaire et sont multiples: blocages juridiques, très mauvais accès aux moyens financiers (notamment pour les coopératives), gestion bureaucratique, voire dilettante (des associations), problèmes de commercialisation des produits, etc. Mais cette économie se révèle être une des pistes de réflexion et de collaboration pour construire une région euro-méditerranéenne économiquement intégrée et durable. C'est dans le cadre des petits déjeuners de l''Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranéen (IPEMED), Gérard Andreck et Mohammed Najib Guedira, respectivement président de la Macif (membre fondateur d'IPEMED) et directeur de l'Agence pour le Développement Social, reviendront le 15 novembre prochain à Paris sur les enjeux d'une structuration du secteur aux niveaux maghrébin et méditerranéen et sur quelques-unes des propositions concrètes qui pourraient permettre d'y parvenir à court et moyen termes. Ces petits déjeuners de la Méditerranée permettent à des personnalités du monde politique, universitaire ou économique, originaires des deux rives de la Méditerranée, de confronter leur point de vue autour de l'économie sociale et solidaire.