Le Temps-Agences- Une morgue aux trois quarts vide, une rangée de lits inoccupés au service des urgences: les temps changent au grand hôpital Yarmouk de Bagdad. Si l'établissement, qui naguère croulait sous les corps, peut être considéré comme un baromètre fiable de la violence dans la capitale, celle-ci est en chute. Les médecins de Yarmouk confirment une notable baisse des victimes admises depuis le lancement de la vaste opération de sécurisation lancée, il y a sept mois à Bagdad par les forces irako-américaines. Le phénomène a été particulièrement notable le mois dernier avec 70% de moins de morts et une diminution de moitié du nombre de blessés admis par rapport au mois de juillet, confie le directeur de l'hôpital. "Auparavant il y avait quotidiennement six ou sept incidents importants comme des explosions et des attentats à la voiture piégée. Maintenant, il n'y en a presque plus qu'un ou deux par semaine." Cette évolution semble apporter de l'eau au moulin des autorités américaines et irakiennes, qui ont fait valoir que l'entreprise de sécurisation de la capitale portait ses fruits. Dans une des ailes des services d'urgence de l'hôpital, situé dans un quartier sunnite de Bagdad qui a souffert tout particulièrement des affrontements intercommunautaires, deux patients seulement sont soignés, ni l'un ni l'autre pour blessure grave. "Au cours du mois écoulé, on a noté une réelle réduction. Maintenant, la plupart des cas qu'on traite sont des victimes de fusillades aveugles ou d'accidents", explique un chirurgien. Sur les huit chambres froides de l'établissement, deux seulement, contiennent des corps et ce sont pour beaucoup des victimes d'incidents remontant à plusieurs semaines. Le vice-ministre de la Santé Amer Khozaï assure que la tendance observée à Yarmouk l'est aussi à la morgue principale de la capitale, où le nombre de cadavres admis quotidiennement est passé de 180, aux pires jours de violence, à 12. "Il y a encore des problèmes de voitures qui explosent ici ou là, mais il ressort de l'activité des services d'urgence que la situation est calme et stable à Bagdad", affirme-t-il. A en croire le Premier ministre irakien Nouri Al Maliki, la violence a chuté de 75% à Bagdad. Le président américain George Bush va même jusqu'à assurer "que la vie commence à y reprendre son cours normal". Néanmoins, alors que l'équipe de télévision de Reuters filmait avant-hier à l'hôpital Yarmouk, une bombe a explosé dans un immeuble à moins d'un kilomètre de là dégageant une colonne de fumée familière. Dans les minutes qui suivirent, sept corps, donc ceux de trois femmes âgées, étaient évacués vers l'hôpital, où les médecins se préparaient à un afflux de blessés. "Il faut être réaliste : aujourd'hui, il y a encore des blessés, des victimes et des explosions", convient Haki Ismaïl.