Le Temps-Agences - Un Somalien a été tué par la police lors d'échanges de tirs entre les forces de l'ordre et des manifestants qui protestaient contre la présence de militaires éthiopiens à Mogadiscio, rappelant l'anarchie qui a prévalu en Somalie pendant 15 ans avant que les islamistes n'occupent brièvement le pouvoir. Une semaine après l'intervention décisive des forces éthiopiennes qui ont contribué à chasser les islamistes du pouvoir, les manifestants ont jeté des pierres et brûlé des pneus, emplissant les rues d'une épaisse fumée noire. "Les manifestants ont tiré en direction d'un policier, la police a répliqué et tué un homme", a déclaré une source gouvernementale. "Je ne sais pas combien de personnes ont été blessées", a-t-elle ajouté. Les manifestants, parmi lesquels des femmes et des enfants, scandaient "A bas l'Ethiopie!". Des militaires éthiopiens sont intervenus et ont tiré des coups de feu en l'air pour disperser la foule. Selon un témoin, les manifestants entendaient également protester contre l'ultimatum fixé par le gouvernement aux habitants de la capitale pour rendre leurs armes. La réaction hostile des Somaliens à la présence des forces éthiopiennes dans leur pays était prévisible compte tenu de la méfiance que leur inspire leur puissant voisin chrétien. En début de semaine, un soldat éthiopien a été tué dans une embuscade dans le sud du pays et une grenade a été lancée jeudi sur des soldats éthiopiens à Mogadiscio. Jeudi, des miliciens ont tiré une roquette sur un camion-citerne à proximité de la capitale faisant trois blessés. Le Kenya a fermé sa frontière avec la Somalie et renforcé sa surveillance pour empêcher les réfugiés fuyant les combats de venir y trouver asile. Selon des médias kényans, 23 combattants islamistes, dont certains de nationalités étrangères, ont été arrêtés. Un conseiller du ministre kényan de l'Immigration a par ailleurs déclaré à Reuters que cinq députés somaliens avaient été interpellés et sont actuellement interrogés car ils sont soupçonnés d'avoir prêté assistance aux islamistes. Diplomates africains et occidentaux se sont prononcés avant-hier en faveur d'un déploiement urgent d'une force de paix en Somalie, au moment où le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi a affirmé que ses forces quitteraient la Somalie sous 15 jours mais les analystes craignent que le gouvernement intérimaire ne s'effondre après leur départ.
Le désarmement par la force, reporté sine die
Le désarmement par la force des miliciens somaliens dans Mogadiscio prévu hier à été reporté sine die, a annoncé le ministre somalien de la Défense, Salad Ali Jelle. "L'opération de désarmement a été reportée après une demande du clan des Hawiye au Premier ministre", a précisé le ministre. "Nous ne leur avons pas donné de date spécifique. Mais, dans un avenir proche, le désarmement aura lieu dans tout le pays, et nous espérons qu'il aura lieu rapidement et sans bain de sang", a-t-il précisé. Les Hawiye sont un grand clan hégémonique dans Mogadiscio, qui formait l'une des composantes principales des milices des tribunaux islamiques. Ces milices ont tenu la capitale, le centre et le Sud pendant six mois avant l'offensive en décembre de l'armée éthiopienne qui les a défaites. Le Premier ministre Ali Mohamed Gedi, entré dans Mogadiscio le 28 décembre à la suite de la victoire de l'armée éthiopienne sur les tribunaux, appartient à l'un de leur sous-clan, les Abgal. Par ailleurs, vendredi, le Groupe de contact international sur la Somalie a demandé à Nairobi le financement "urgent" d'une force de paix dans le pays. Le Groupe de contact, réuni à la demande des Etats-Unis, "insiste sur le besoin urgent d'un financement pour faciliter le déploiement d'une force de stabilisation en Somalie basé sur la résolution 1725 du Conseil de sécurité" de l'ONU, selon un communiqué final lu par le ministre kényan des Affaires étrangères, Raphaël Tuju, qui ne fixe aucun calendrier de déploiement.