Le Temps-Agences - Une séance du Parlement libanais convoquée hier pour élire le président de la République a été ajournée au 23 octobre pour permettre à la majorité et l'opposition, en conflit ouvert, de s'entendre sur un nom avant la fin du délai constitutionnel dans deux mois. Des députés de la majorité, venus en force, ont réaffirmé qu'ils considéraient cette séance comme le premier tour, et que les séances ultérieures se tiendraient à la majorité simple. Le chef de l'opposition chrétienne, Michel Aoun, a prévenu qu'un vote de la seule majorité constituerait "une déclaration de guerre". "La séance a été ajournée au 23 octobre à 10H00 (09H00 HT) faute de quorum", a annoncé le président du Parlement Nabih Berri dans un communiqué, en référence à la présence d'au moins deux tiers des députés, nécessaire au premier tour du scrutin. La plupart des députés de l'opposition, soutenue par la Syrie et l'Iran, qui contrôle 58 des 128 sièges du Parlement, ont boudé la séance, faute d'accord préalable. Le général Aoun, député et candidat à la présidence, a déclaré "accueillir favorablement tout appel au dialogue et à l'entente au Liban parce qu'il n'y pas de salut sans le dialogue". "Notre message est clair: une élection à la majorité simple serait une déclaration de guerre", a-t-il néanmoins averti. "La question du quorum légal n'est pas un sujet de discussion, et les pays qui soutiendraient un président élu ainsi devraient envoyer des forces pour le protéger". Les députés élisent le président à la majorité des deux tiers au premier tour, à la majorité simple ensuite. L'opposition, invoquant une tradition constante, interprète cette règle constitutionnelle comme un quorum qui lui permettrait de bloquer l'élection d'un candidat, puisque le camp antisyrien ne dispose que d'une majorité simple (68 sièges). "Nous sommes venus élire un président de la République car nous voulons épargner au Liban et aux Libanais les dangers du vide" du pouvoir, a déclaré le vice-président du Parlement Farid Makari, membre de la majorité. "Nous aurions pu élire (hier) un président à la majorité simple, mais nous n'avons pas voulu créer un conflit constitutionnel", a déclaré le dirigeant druze Walid Joumblatt, qui a expliqué avoir voulu "donner une chance à un accord". Un autre député de la majorité, Samir Frangieh, a qualifié la séance du 23 octobre de session de la "dernière chance, durant laquelle nous élirons un président à la majorité simple, si nous n'arrivons pas à un consensus". "L'atmosphère est positive, je suis optimiste", a pourtant estimé à l'issue de la séance le chef de la majorité parlementaire Saâd Hariri, qui s'est entretenu avec M. Berri dans le bureau du président du Parlement.