Le secrétaire général de l'UGTT, qui était à Berlin où se tenait le congrès de la fédération syndicale internationale (CSI), a déclaré dans une interview accordée aux médias, que la crise économique ne doit pas servir de prétexte pour refuser d'augmenter les salaires, ajoutant que toutes les entreprises qui n'ont pas eu des difficultés à ce jour à poursuivre leur activité sont tout à fait en mesure d'augmenter les salaires de leurs employés. Il s'agit principalement du SMIG ( Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti). Il a précisé en outre que l'UGTT ne participera pas au dialogue national, si celui-ci va porter sur les questions économiques au motif que la mission du gouvernement consiste essentiellement selon lui d'organiser les élections. Celui-ci dit il peut prendre des mesures économiques qui ne nécessitent pas des réformes structurelles, et auquel cas l'UGTT sera présent a-t-il encore ajouté. En fait les travailleurs sont accusés d'accaparer une part importante de la richesse nationale. Ce qui a fait dire à l'on ne sait quel économiste français que « la crise économique n'est pas la faute des capitalistes, mais de ceux qui résistent à leurs exigences ». Chômage au printemps arabe Or selon Marx, le capitaliste qui est en fait l'employeur, paie la force de travail et vend le produit de cette force de travail, pour en tirer profit. Travailler plus et plus longtemps ne peut régler la crise économique. La seule solution consiste à augmenter la masse du profit extraite du travail. La crise économique n'est donc pas due au seul travailleur et ne doit nullement faire obstacle à l'augmentation du salaire. Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie et ancien vice président de la banque mondiale, dans son dernier ouvrage « le prix de l'inégalité » écrit dans le contexte du printemps arabe, après avoir parlé des inégalités économiques dont les conjonctures politiques peuvent en être la cause, propose un programme de réformes économiques visant à « arrêter les excès en haut » et à aider les autres, et ce avec des réformes politiques qui aboutiraient au pacte social, en faveur du plein emploi. La grève, épouvantail En Tunisie, la crise économique a toujours été la cause de crise sociale et de menaces de déstabilisation politique. En 1881 la crise économique due à la mauvaise gestion de Ahmed Bey premier et de ses prédécesseurs, ainsi que de ses ministres véreux, et aussi au surendettement de l'Etat, qui a été la cause de la colonisation du pays. Sous Bourguiba, le pays a connu un ralentissement économique à la fin des années soixante dix, qui fut la cause de l'augmentation du chômage. A l'époque le gouvernement Nouira avait pris l'engagement avec le secrétaire général de l'UGTT, Habib Achour, d'augmenter les salaires de 5% tous les six mois. En contrepartie de quoi l'UGTT s'était engagée de contrôler les travailleurs. Mais devant une crise croissante, le gouvernement n'a pas tenu sa promesse. Les ouvriers commencèrent à se soulever et à observer des arrêts de travail partout dans le pays. En vain, le gouvernement n'en voulut en aucun cas en démordre. Le ton monta entre les deux antagonistes, et la confrontation survint le 26 janvier 1978, Ce fut la descente dans la rue de milliers de personnes, travailleurs, étudiants et chômeurs confondus. Cette journée du « jeudi noir » restera mémorable dans l'histoire de la lutte ouvrière, pour cause de refus d'augmentation des salaires. Pour Habib Achour, le vieux lion comme on le surnommait, la crise économique était essentiellement due à la montée du chômage, perte d'emploi, stagnation des salaires, et sous paiement y aidant. Nouveau pacte social Nous voilà, à l'ère de la Révolution face aux mêmes données, avec une crise économique des plus préoccupantes, un taux de chômage en hausse et une stagnation des salaires, avec en outre des perte d'emploi, par le fait de la fermeture de plusieurs entreprises pour cause de faillite. Houcine Abassi a été cependant on ne peut plus explicite : Ce n'est pas une raison, affirme-t-il pour que les entreprises qui marchent et qui ne sont pas par conséquent touchées par la crise, refusent d'augmenter les salaires à, leurs employés. En fait il est important, selon la plupart des observateurs, d'envisager une concertation en vue d'un nouveau pacte social qui tiendrait compte de la situation économique et politique actuelle, à l'instar de ce qu'a suggéré l'économiste et prix Nobel Joseph Stiglitz dans son ouvrage précité. Ce qui éviterait les grèves dans la conjoncture si délicate par laquelle passe actuellement le pays. L'idée maîtresse de son ouvrage précité étayés par des exemples sur les Etats-Unis est finalement de réaliser un équilibre entre l'Etat et le marché, en vue de concilier efficacité économique et équité. Il est à rappeler par ailleurs que l'UGTT, est candidate au prix Nobel. Sharan Burrow, secrétaire général de la CSI a chaleureusement accueilli Houcine Abassi, et annoncé son soutien à ladite candidature de l'UGTT. A ce propos, Houcine Abassi a déclaré que « l'UGTT ne s'est pas porté candidate à ce prix, mais a proposé sa candidature. Quoi qu'il en soit, c'est un honneur non seulement à l'UGTT mais à la Tunisie tout entière ».