L'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) vient d'opposer son veto au prélèvement de journées de travail sur les salaires et les pensions de retraite prévu par la loi de finances complémentaire pour l'exercice 2014. La centrale syndicale qui compte quelque 700 mille adhérents a expliquéque cette mesure visant à alimenter les caisses de l'Etat a été prise de façon unilatérale par le gouvernement et sans concertations préalables avec les partenaires sociaux. «Nous nous opposons au projet de la loi de finances complémentaire de 2014, notamment en ce qui concerne la proposition de prélever des journées de travail aux salariés et retraités sur la base du revenu annuel net, et ce sur le fond et la procédure », a déclaré le secrétaire général adjoint et porte-parole officiel de l'UGTT, Sami Tahri. «Ce projet de loi de finances complémentaires a été élaboré sans aucune concertation avec les parties syndicales et de manière qui rappelle les pratiques de l'ancien régime », a-t-il ajouté. Côté procédure, l'UGTT estime que le prélèvement de journées de travail constitue une «violation des législations du travail» qui interdisent le prélèvement obligatoire sur le salaire. «Il n'existe aucune loi qui permet le prélèvement automatique sur les salaires et les pensions de retraite. Ce prélèvement doit être volontaire et ne peut s'effectuer qu'avec l'accord de l'employé, des retraités ou des syndicats qui les représentent », a martelé M. Tahri, indiquant que «le gouvernement qui compte sur la souscription, le volontariat et les recettes non fixes, n'est pas sérieux dans la recherche de solutions à la crise économique». Prélèvement allant de une à six journées de travail M. Tahri a, d'autre part, plaidé pour la recherche d'autres alternatives de nature à alléger les pressions sur le budget de l'Etat, expliquant que l'UGTT n'acceptera une réparation des dégâts économiques causés par la mauvaise gestion des affaires du pays par les différents gouvernements post-révolution sur le dos des salariés et des retraités. «La classe moyenne n'est plus en mesure de consentir d'autres sacrifices», a-t-il dit. De son côté, Belgacem Ayari, secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé du secteur privé, a fait savoir que le gouvernement de Mehdi Jomaâ est un cabinet provisoire qui doit négocier avec les structures concernées en ce qui concerne toutes les décisions ayant des retombées directes sur le pouvoir d'achat des salariés. .Le projet de loi de finances complémentaire pour l'exercice 2014 prévoit un prélèvement allant de une à six journées de travail sur les salaires et les pensions de retraite pour les personnes ayant un revenu annuel net supérieur à 10 mille dinars. Les salariés et les retraités dont le revenu annuel net se situe entre 10 et 20 mille dinars verront leurs salaires ou pension amputé d'une journée de travail. Ceux qui gagnent plus de 40 mille dinars par an subiront un prélèvement d'une journée de travail mensuellement pendant un semestre. A noter que l'UGTT avait déjà refusé sous le règne du gouvernement de Hamadi Jebali le prélèvement systématique de journées de travail sur les salaires des agents des secteurs public et privé prévu par le projet de loi de finances complémentaire pour l'année 2012.