La Banque Mondiale a rendu public mercredi son rapport sur les perspectives économiques mondiales. Sceptique, l'institution de Bretton Woods prévoit une croissance décevante des pays en développement (PED), une croissance inférieure à 5%. Les troubles politiques, l'incertitude et la lenteur dans la refonte des réformes structurelles seraient derrière le ralentissement de la croissance prévue pour les PED à la fin de l'année en cours. Pour les pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), les prévisions sont moins préoccupants que celles envisagées dans la dernière édition du rapport publié en mois de janvier 2014. La BM table dès lors sur un raffermissement progressif de la croissance dans les pays de la région MENA dont la Tunisie qui verra une croissance de 2,7% contre 2,5% prévus initialement. La reprise de la zone euro profitera aux pays importateurs de pétrole dont la Tunisie. « L'activité économique se stabilise dans les pays importateurs de pétrole. Les exportations de plusieurs économies méditerranéennes connaissent un nouvel essor par suite de la reprise dans la zone euro qui est bien placée pour atteindre une croissance de 1,1% cette année», souligne le rapport. Le regain de la demande européenne donnera certainement un nouvel élan des exportations tunisiennes, lesquelles ont enregistré un net repli au cours du premier trimestre de l'exercice en cours, amochant ainsi l'équilibre de la balance commerciale avec l'extérieur. Cependant, l'institution de Bretton Woods n'écarte pas la fébrilité des prévisions établies pour la région MENA concernant surtout la Tunisie qui continue de naviguer à vue. Les perspectives pour la région restent extrêmement aléatoires et tributaires d'une large gamme de risques intérieurs liés à l'instabilité politique et aux atermoiements relatifs à l'action publique. « Selon les projections, la croissance des pays en développement de la région augmentera progressivement pour passer de 1,9 % en 2014 à 3,6 % en 2015 et à 3,5 % 2016, grâce à une reprise de la production de pétrole dans les pays exportateurs de pétrole et à une légère amélioration de la situation des économies importatrices de pétrole », note le rapport. Le flou politique, la discordance à déterminer le calendrier des élections présidentielles et législatives, la lenteur et la précarité d'initiatives afférents aux réformes économiques à engager par le gouvernement tunisien, viendront pénaliser et retarder encore plus les projections de croissance dans les mois qui viennent. Selon le rapport, le déficit de la balance des paiements courants, établi actuellement en Tunisie, à 8,9% du PIB atteindra respectivement 7,5% en 2014, 7,1% en 2015 et 6,3% en 2016. La BM souligne dans son rapport que l'adoption d'une constitution consensuelle, en Tunisie, a été largement appréciée, cependant la transition politique, en cours dans le pays et les élections prévues, pour la période prochaine, ont entravé la mise en place des réformes structurelles nécessaires. Même si les perspectives de croissance sont positives pour l'économie tunisienne, le chemin demeure encore semé d'embûches et les défis politique sécuritaire et économique à relever au cours du deuxième semestre 2014 restent immenses.