La bataille électorale s'annonce rude et riche en rebondissements. Avant même que la date des prochaines élections ne soit fixée, les accusations à peine dissimulés de tentatives de fraude ont déjà commencé. Le Front populaire, une coalition d'une douzaine de partis de gauche, a annoncé dans un communiqué publié sur son site Web officiel que les liste des membres des sections régionales de l'instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) publiées tout récemment comportent un «grand nombre de personnes qui manquent de neutralité et connues dans leurs régions pour être proches du mouvement Ennahdha et même de la mouvance salafiste», tout en appelant les bureaux régionaux du Front à fournir des preuves et des témoignages sur la partialité de ces personnes. Le bureau régional du Front Populaire à Bizerte a d'ailleurs indiqué avoir déjà identifié quatre membres proches d'Ennahdha au sein de la section régionale de l'ISIE, dont un activiste salafiste et un membre de la Ligue de protection de la révolution, dissoute récemment par la justice en raison de son implication présumée dans des actes de violences. L'antenne de Front populaire à Bizerte cite d'ailleurs les noms de quatre personnes qui seraient accusées de proximité avec le parti islamiste Ennahdha. De son côté, la coordination civile pour le suivi des affaires publiques à Sfax, un rassemblement des organisations de la société civile dans la région a dénoncé la candidature du militant nahdhaoui Mondher Ben Ali Abid à la section régionale de l'ISIE, ce qui constitue, selon elle, une violation des critères de neutralité et d'indépendance prévus par la loi instituant l'ISIE. La coordination, qui a rappelé que M. Abid est un membre actif du mouvement Ennahdha, a appelé le président de l'ISIDE à rejeter sa candidature, tout menaçant de recourir à la justice pour l'invalider. Retard Plus diplomatique, le mouvement Nida Tounes a, quant à lui, émis des réserves sur plusieurs candidats aux sections régionales de l'Instance pour les élections (ISIE) «en raison de l'absence des critères de neutralité, d'expérience et d'indépendance », sans dire de quel parti ces candidats sont proches, ni révéler leurs noms. Nida Tounes rappelle dans un communiqué publié mercredi que ces des critères de neutralité et d'expérience sont définis par les articles 7, 12 et 21 de la loi n° 23 du 20 décembre 2012 relative à l'ISIE. Le parti souvent crédité de très bons scores dans les sondages d'opinion relatifs aux intentions de vote a appelé l'ISIE à assumer ses responsabilités en ce qui concerne la date des élections et à faciliter la tâche du dialogue national en lui proposant un calendrier qui respecte les délais fixés par les dispositions transitoires de la Constitution imposant l'organisation d'élections législatives et présidentielle avant la fin de l'année en cours. Nida Tounes a appelé, dans ce cadre, l'ISIE à rattraper ce retard et à changer tous les responsables administratifs et coordinateurs régionaux suspectés de partialité ou d'incompétence. Il s'est, par ailleurs, dit «préoccupé » par le retard observé au niveau de la finalisation de la composition des sections régionales de l'ISIE ,de l'accréditation d'observateurs et d'assistants tunisiens et étrangers et de démarrage de campagnes de sensibilisation relatives à l'inscription des électeurs. A noter que le président de l'ISIE, Chafik Sarsar, a estimé tout récemment que le prochain scrutin sera plus difficile que celui de 2011 compte tenu du désenchantement des électeurs face aux tiraillements politiques et au flou qui entoure la transition démocratique. M. Sarsar a également a insisté sur la neutralité de l'Instance, tout en appelant les partis qui remettent en cause la neutralité des membres des sections régionales de l'instance à fournir des preuves sur leurs allégations.