Des travaux ordinaires de terrassement entrepris par un propriétaire d'un terrain sis à Tlet de la circonscription de Guellala, délégation Djerba-Adjim, ont permis derévéler au grand jour une découverte archéologique de grande importance. M.Sami Ben Taher, chargé de recherche auprès de l'Institut National du Patrimoine, n'en revenait pas, tant la découverte est époustouflante. Alerté à temps, sitôt les premiers indices révélateurs constatés, par le propriétaire en personne, M.Aroussi Tlati, qu'il a tenu à remercier vivement pour son amabilité et son comportement citoyen et responsable, M.Ben Taher s'est déplacé sur les lieux de la découverte pour effectuer les premières fouilles qui ont permis de dévoiler l'existence d'un hypogée taillé dans la formation argileuse. La tombe, objet de la découverte, avait la forme d'un cul-de- four, auquel on accède par une baie d'accès obturée par une dalle quadrangulaire en calcaire. A l'intérieur, on avait aménagé une banquette en fer à cheval sur laquelle était déposé le mobilier funéraire constitué de trois urnes en verre remplies d'ossements incinérés, et à côté desquelles était disposé, en offrande aux âmes des défunts, un mobilier funéraire divers, des assiettes, des lampes, des éléments de bijoux, notamment un bracelet en cuivre et une bague, quelques œufs, comme en témoignent les fragments de coquilles. En outre, ces premières fouilles ont permis de mettre au jour des fragments de bois intact, chose rare à trouver à l'intérieur d'une tombe, posé apparemment sur la banquette pour servir d'assise aux urnes et au mobilier funéraire. Cette banquette aménagée à l'intérieur de la tombe était entourée d'une auge qui abritait à son tourun mobilier extrêmement intéressant : de la céramique, des lampes et des cruches. Selon M.Sami Ben Taher, il s'agit d'une découverte majeure pour l'étude du paysage funéraire de l'île de Djerba, la première du genre mise à jour dans un parfait état de conservation ; « contrairement à toutes les autres tombes découvertes jusqu'à ce jour, elle n'a jamais été revisitée, ni pillée ; ses contextes n'ont jamais été remaniés, ce qui constitue, pour nous, archéologues et historiens, une aubaine dont l'intérêt est évident : cette tombe va nous permettre, en effet, d'étudier le rite funéraire pratiqué à cette époque-là, en l'occurrence l'incinération, qui était contraire à la pratique de l'inhumation qui était préférée par les Libyques et à laquelle ils recouraient àl'époque préromaine. La découverte de cette tombe apporte donc la preuve de l'influence de la culture romaine sur la population locale ; c'est une manifestation des plus claires de l'influence de la romanisation sur le rite funéraire libyque. Concernant la chronologie du monument de la tombe, l'examen du matériel funéraire associé nous a permis de dater provisoirement l'aménagement de la tombe au II siècle ap.jc, en attendant le réexamen de tous les éléments pour nous prononcer avec plus de certitude. »