A 1h du matin, l'avion militaire transportant les deux diplomates tunisiens pris en otage depuis des mois en Libye, atterrissait à l'aéroport de l'Aouina. Les trois présidents tunisiens attendaient pour les accueillir. Quatre mois plus tard après leur enlèvement par des groupes extrémistes libyens, les deux Tunisiens ont été libérés à la faveur de laborieuses et pénibles «négociations» et «pourparlers» pacifiques, selon la déclaration faite, avant-hier soir, par le ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi. Cette libération s'est faite sans aucune condition. Il a ajouté que cette libération n'a pas donné lieu à une rançon ou à un échange avec les deux prisonniers libyens, Hafedh Dhebaâ et Imed Youssef, détenus en Tunisie suite à l'affaire liée aux incidents de Rouhia. Il convient de rappeler que ces deux derniers ont écopé chacun de 20 ans de réclusion, par le tribunal militaire permanent de Première Instance de Tunis en 2012. Retour sur les faits Le 21 mars 2014, Mohamed Ben Cheikh, employé à l'ambassade de Tunisie à Tripoli, a été kidnappé par des inconnus en Libye. Moins d'un mois plus tard, soit le 17 avril, un conseiller de l'Ambassade de Tunisie à Tripoli, Laaroussi Gontassi, a été, à son tour, enlevé. Leurs ravisseurs n'ont pas tardé à divulguer les raisons de leur acte. Ils avaient appelé à la libération des deux Libyens, accusés d'actes terroristes. Ces deux enlèvements ont suscité une vive émotion en Tunisie et une polémique aussi, surtout dans l'opinion publique. La situation fortement tendue chez nos voisins libyens n'a pas été pour faciliter les choses. Les relations tuniso-libyennes ont connu une période de tension. Quant aux deux gouvernements, ils ont essayé de résoudre à l'amiable ce litige diplomatique. Retour des deux diplomates kidnappés En cours de soirée du dimanche 29 juin 2014, une conférence de presse a été tenue au siège du ministère des Affaires étrangères. Le chef du gouvernement, Mehdi Jomâa, le ministre délégué chargé de la Sûreté, Ridha Sfar et le ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi ont fourni des éclaircissements sur les péripéties de la libération des deux otages tunisiens. Mongi Hamdi a déclaré que cela s'est fait «d'une manière très simple et civilisée». Quant à l'identité des ravisseurs, il a indiqué que jusque-là, ils ignorent qui ils sont ajoutant qu'ils n'ont eu aucun contact avec eux. «Nous avons directement traité avec les autorités libyennes», a-t-il assuré. Le ministre des Affaires Etrangères a également, expliqué qu'aucune tentative de négociations n'a eu lieu avec les ravisseurs, expliquant : «Le gouvernement tunisien, a refusé de s'enliser dans toute forme de chantage et de négociations. Les autorités tunisiennes ont insisté sur la souveraineté et le prestige de l'Etat.». Dans cette affaire, Mongi Hamdi a indiqué que la libération des deux otages tunisiens n'est autre que la résultante de collaboration entre les autorités tunisiennes et les autorités libyennes. Il a, d'ailleurs, tenu à rendre hommage à l'Etat libyen pour sa coopération décisive pour que l'opération de libération connaisse un vrai succès. Au terme de son allocution, le ministre des Affaires Etrangères a tenu à saluer le travail et l'effort fournis par la cellule de crise dudit ministère et qui avait pour mission le suivi de l'affaire. Une cellule à laquelle ont contribué, notamment, la présidence du gouvernement, la présidence de la République, les ministères de l'Intérieur, de la Justice et de la Défense. Le ministre dira que «le travail de la cellule a porté sur trois volets : un volet juridique, un volet diplomatique et un autre politique. Nous avons déposé une plainte à l'encontre de l'Etat libyen en sa qualité de responsable de la protection des corps diplomatiques présents sur ses territoires.». Prenant la parole Sfar a rebondi sur cette question précisant qu' «il relève du devoir de l'Etat libyen de garantir la sécurité de nos diplomates, selon les traités internationaux.» De son côté, le Chef du Gouvernement, Mehdi Jomâa a salué le travail «colossal» de la cellule de crise en ces termes : «Je les remercie parce qu'ils ont travaillé discrètement. Ils ont fait preuve de professionnalisme malgré les pressions qu'ils avaient autour d'eux.» Les deux diplomates tunisiens ont déclaré aux médias qu'ils n'ont subi aucun traitement inhumain. Emus, ils ont déclaré qu'ils n'ont pas été torturés ou maltraités par leurs ravisseurs.