Bien que la nouvelle Constitution institue un régime mixte ou plutôt parlementaire aménagé qui attribue l'essentiel des pouvoirs au Chef du gouvernement, la fonction présidentielle séduit un nombre impressionnant de professionnels de la politique. A près de cinq mois du premier tour de l'élection présidentielle prévu le 23 novembre, les annonces de candidatures à droite, à gauche ou au centre se multiplient. Ces derniers jours trois nouveaux noms se sont ajoutés à la liste de prétendants à la magistrature suprême. Le dernier en date est le philosophe Slim Doula. Ce libre-penseur qui se veut un candidat anti système a annoncé sa candidature le 30 juin sur les colonnes de la presse. Quelque temps auparavant, le mouvement Wafa, une petite formation issue d'une scission du Congrès pour la République (CPR), a annoncé ce vendredi, 27 juin, la candidature de son chef, Abderraouf Ayadi, à la présidentielle. «Fort d'un parcours militant riche, le mouvement Wafa s'engagera dans les prochaines législatives sous sa propre étiquette», a souligné M. Ayadi. Cet avocat membre de l'Assemblée nationale constituante (ANC) a profité de cette occasion pour qualifier les résultats de ces sondages d'opinion qui lui accordent une part insignifiante d'intentions de vote d'«erronés». Le 26 juin, le fondateur de la chaîne télévisée privée Hannibal TV, Larbi Nasra, a, lui, aussi fait part de son intention de se présenter à la prochaine présidentielle lors d'un dîner offert à des représentants de médias tunisiens. Cet homme d'affaires, dont la famille Nasra est apparentée à celle de Leïla Ben Ali, a été arrêté quelques jours après la chute du régime dans des conditions jamais élucidées pour complot contre la sécurité de l'Etat et haute trahison, avant d'être libéré. Le 15 juin, soit deux ans après sa création, le mouvement Nida Tounes avait, d'autre part, annoncé la candidature de son chef, Béji Caïd Essebsi, pour la présidentielle. A 88 ans, Béji Caïd Essebsi est placé régulièrement en première position dans les intentions de vote pour la présidentielle, selon la plupart des sondages d'opinion. Au sein du parti pourtant, le choix du leader est critiqué pour son âge avancé mais aussi pour le manque de démocratie interne. Certains militants du parti espéraient d'ailleurs l'organisation prochaine du premier congrès de Nida Tounes pour élire les dirigeants du parti. Une femme, en l'occurrence la présidente du Mouvement démocratique pour la réforme et la construction (MDRC), Emna Mansour Karoui, avait annoncé sa candidature à la prochaine élection présidentielle depuis mars dernier. Mme Karoui a motivé sa candidature par la nécessité de consolider la présence de la femme aux postes de décision, compte tenu de l'importance de son rôle dans la vie politique, économique et sociale. Attendre le moment opportun... De nombreux autres candidats potentiels attendent encore le moment opportun pour annoncer officiellement leurs ambitions présidentielles. Ainsi, le leader du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL/ou Ettakatol), Mustapha Ben Jaâfer a déclaré tout récemment qu'il serait «ravi de se voir désigner candidat consensuel à l'élection présidentielle». Dans un entretien accordé au journal «Echark Al-Awssat», M. Ben Jaâfar a indiqué qu'il en serait honoré, en particulier si son parti Ettakatol, approuvait sa candidature pour l'élection présidentielle lors du prochain conseil national qui se tiendra au mois d'août prochain. L'actuel président de la République Moncef Marzouki ne cache plus, lui aussi, ses aspirations. «Oui, j'ai bien l'intention de me porter candidat à la prochaine présidentielle, mais la déclaration officielle sera faite en temps opportun», avait-il déclaré récemment sur le plateau d'Ettounissya TV. De son côté, le secrétaire général démissionnaire du mouvement Ennahdha, Hamadi Jebali a réaffirmé, vendredi dernier, son intention de briguer la magistrature suprême en tant qu'indépendant. Le leader du Parti Républicain, Ahmed Néjib Chebbi, envisage lui aussi de tenter sa chance même s'il a refusé l'initiative du mouvement Ennahdha relative au choix d'un candidat présidentiel. Et last but not least, le leader du Front Populaire, Hamma Hammami, sera vraisemblablement le candidat de cette coalition de partis de gauche à la prochaine présidentielle. Selon les dispositions de la nouvelle Constitution, les prérogatives du président de la République sont relativement limitées. Le Chef de l'Etat est appelé, en effet, dans la plupart des cas à avaliser des propositions faites par le Chef du gouvernement, le parlement ou les commissions parlementaires spécialisées. Les seules décisions que le président de la république pourrait prendre sans consultation avec une tierce partie sont le fait de décréter l'état d'urgence et de nommer le Mufti de la République. Selon la Constitution, le pouvoir législatif est en droit de retirer sa confiance au président de la République élu au suffrage universel dans le cas où ce dernier violerait la Constitution.