Cette œuvre de la troupe de la ville de Tunis est une véritable parodie d'une réalité de la société tunisienne dans la diversité de ses composantes. La pièce se déroule sous une forme d'altercations entre divers personnages. Réalisée dans un décor simple, elle nous plonge dans un univers où diverses émotions s'entremêlent, la mort, la vie, l'amour, la haine, la souffrance... Des personnages s'exaltent à corps perdus, les sens. Mise en scène par Mongi Ben Hafsia sur un texte de Jalleddine Saadi , le spectacle, d'une heure, rend dans le rire et la dérision les desseins scabreux et les relations malsaines pouvant exister dans la vie des gens qui se disputent atour des biens laissés par Am Tahar. Les sept comédiens, des professionnels de la scène, interprètent leur rôle avec talent et conviction. Ils sont : Mouna Nureddine, Rim Zribi, Fayçal Bezzine, Kawthar Bardi, Ikram Azouz, Jaaleddine Saadi et Zouheir Rais. Ces personnages se réunissent après le décès du propriétaire de la société pour parler et discuter de tout et surtout de sa fortune. Finalement un ultimatum de 24 heures a été adressé au directeur de l'entreprise pour restituer l'argent volé. Fort de son contenu et devant un public attentionné, le texte s'est ouvert sur plusieurs niveaux d'interprétation, invitant à la réflexion tant sur l'argent, l'hypocrisie, la haine. Tout cela est bien présenté par les personnages, leurs calculs mais aussi leurs rivalités. La pièce se joue sur une pointe d'humour. Une comédie indémodable sur la satire sociale à voir tant par son sujet que par le jeu des comédiens. Dans un décor simple, offrant tous les espaces de la scène aux comédiens, le spectacle s'est déroulé sur une seule grande "séquence", déclinée en plusieurs situations savamment interprétées. La musique et l'éclairage ont efficacement contribué à la création des différentes atmosphères, s'adaptant aux situations interprétées et donnant l'impression de l'existence de plusieurs tableaux. Les acteurs peuvent ainsi rire, pleurer et ouvrir un panel large d'émotions dans cet espace. Ils mettent du rire dans leurs mots sur tous les maux qui les entourent. Mouna Noureddine a excellé. Elle n'a pas pris une ride. Kawthar Bardi n'a pas démérité avec une forte présence scénique. Comédienne de grand talent, Rim Zribi a choisi un univers qui lui est propre. Un univers où bizarrement l'humeur et la poésie se suffisent, s'entremêlent au rythme de la création. Celle du verbe et du geste. Bref, celle du spectacle. Ikram Azouz l'animateur, va en voir de toutes les couleurs. Il ne va pas être épargné durant le spectacle. Jaaleddine Saadi et Zouheir Rais ont excellé par leur humour et dans leur art de communiquer avec le public. Ceci sans oublier Faycal Bezzine qui n'a pas non plus manqué d'humour. Il fascine par ses mouvements et son jeu improvisé. Dans cette pièce, les mots s'entremêlent et rivalisent pour nous introduire dans cet univers maléfique. « 24 h00 ultimatum » est une comédie simple mais courte avec des moments de tension mais aussi de calme, de gaieté et de plaisir.