Les Destouriens se présenteront à la présidentielle en rangs dispersés. Après Nidâa Tounes qui a désigné son fondateur Béji Caïd Essebsi comme candidat à la magistrature suprême et Al-Moubadra qui a apporté son soutien à la candidature du président du parti Kamel Morjane, le Mouvement destourien vient de choisir son candidat. Il s'agit de l'ancien ministre Abderrahim Zouari. L'information a été annoncée mercredi par le président du Mouvement destourien Hamed Karoui qui a, cependant, indiqué que sa formation soutiendra le candidat destourien qui passerait au deuxième tour de la présidentielle. Né le 18 avril 1944 à Dahmani (Le Kef), Abderrahim Zouari, est titulaire d'une licence de droit privé, d'un certificat d'aptitude à la profession d'avocat et d'un diplôme d'études spécialisées de droit. Il s'est engagé très jeune au sein Parti socialiste destourien (PSD), dont il est devenu membre du comité de coordination du Kef entre 1969 et 1974. Maire de Dahmani entre 1970 et 1975 et attaché de cabinet au ministère de l'Agriculture entre 1971 et 1974, il est désigné comme gouverneur à l'âge de trente ans. En poste à Gabès (1974-1978) puis Nabeul (1978-1980), il devient ensuite directeur de l'administration régionale au ministère de l'Intérieur en 1980 puis député de 1981 à 1987. Après l'arrivée de Ben Ali au pouvoir, ce juriste est devenu l'un des personnages clés du régime et occupe de très hautes fonctions. Désigné le jour même comme secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Production agricole et des Industries agroalimentaires, il est coopté au sein du bureau politique du PSD. Il y prend en charge l'organisation et le renouvellement du parti, qui a été rebaptisé dans la foulée le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Longue carrière ministérielle Après la tenue du congrès de l'ex parti au pouvoir, Abderrahim Zouari est devenu secrétaire général du RCD, poste qu'il a occupé du 31 juillet 1988 au 20 février 1991. Il prend ensuite la tête de différents ministères: Justice (1991-1992), Jeunesse et Enfance (1993-1997), Affaires étrangères (1997), Education (1998-1999), Sport et Education physique (2000-2002), Tourisme et Artisanat (2002-2004) et Transport (2004-2011). Cette longue carrière ministérielle a connu deux courtes interruptions durant lesquelles il a occupé les postes d'ambassadeur au Maroc pendant dix mois (1992-1993) puis à nouveau comme secrétaire général du RCD pendant près d'un an (1999-2000). Après la révolution, M. Zouari a été arrêté le 13 avril 2011 et accusé de «détournement de fonds publics et abus de pouvoir au cours de ses missions au sein du RCD». L'ancien ministre a passé 15 mois en prison, avant d'être blanchi par la justice. Après sa sortie de prison, le 2 novembre 2012, il a préféré rester à l'écart de la vie publique, avant de contribuer à la création du mouvement destourien aux côtés de l'ancien Premier ministre de Ben Ali, Hamed Karoui. Esprit rassembleur Lors de sa première apparition médiatique depuis sa sortie de prison, le 24 juillet dernier, Abderrahim Zouari a annoncé son intention de «vouloir contribuer à aider à faire sortir le pays de la crise». «La Tunisie n'a que ses ressources humaines comme richesse, Bourguiba l'a si bien dit depuis l'aube de l'indépendance», a-t-il déclaré. «La majorité des destouriens croient au processus de transition démocratique et, de ce fait, ils représentent une réelle ressource pour le pays actuellement. La Tunisie a besoin de toutes ses forces vives du pays», a-t-il ajouté sur un ton conciliant et rassembleur, reprenant l'idée d'un gouvernement d'union nationale préconisée par Hamed Karoui après les élections. M. Zouari a également noté que les RCDistes ont servi l'Etat tunisien et non pas l'ancien régime. «Les RCDistes sont des patriotes. Pour eux l'Etat est plus important que les partis», a-t-il affirmé.