Les Etats-Unis combattront l'Etat islamique jusqu'à ce qu'il ne soit plus une force au Proche-Orient et feront en sorte que l'assassinat du journaliste américain Steven Sotloff ne reste pas impuni, a déclaré hier Barack Obama. Il faudra toutefois du temps pour détruire le groupe djihadiste, en raison notamment du vide du pouvoir en Syrie et de la nécessité préalable de monter une coalition, a précisé le président américain. L'Etat islamique (EI) a diffusé mardi une vidéo montrant la décapitation du journaliste américain, deux semaines après l'exécution de son confrère James Foley. Ces exécutions d'otages sont présentées par l'EI comme des représailles aux bombardements aériens menés depuis le 8 août par les Etats-Unis contre ses positions dans le nord de l'Irak. "(...) Notre objectif est clair ; c'est de décomposer et de détruire (l'Etat islamique) de sorte qu'il ne soit plus une menace, non seulement pour l'Irak mais aussi pour la région et pour les Etats-Unis", a déclaré Barack Obama lors d'une conférence de presse à Tallinn, la capitale estonienne, à la veille du sommet de l'Otan qui doit se tenir au Pays de Galles. "Quoi que ces meurtriers pensent qu'ils vont réussir en tuant des Américains innocents comme Steven, ils ont déjà échoué", a déclaré le chef de la Maison blanche. "Ils ont échoué parce que les Américains, comme les gens partout dans le monde, sont révulsés par leur barbarie. Nous ne nous laisserons pas intimider." Après examen par les spécialistes américains et britanniques, la vidéo diffusée mardi a été déclarée authentique. Elle montre semble-t-il le même bourreau à l'accent britannique qui était apparu dans une autre vidéo, le 19 août, où l'on voit l'exécution de James Foley. Les frappes aériennes américaines en Irak, les premières depuis le retrait définitif des troupes américaines en 2011, se sont montrées efficaces, a déclaré Barack Obama lors de la conférence de presse. "Ceux qui font l'erreur de faire du mal aux Américains apprendront que nous n'oublierons pas et que nous avons le bras long et que justice sera faite", a dit Barack Obama. "Ce ne sera pas l'affaire d'une semaine, d'un mois ou de six mois en raison de ce qui se passe avec le vide en Syrie, ainsi qu'avec les éléments endurcis de (l'Etat islamique) qui est sortie d'Al Qaïda en Irak lors de la guerre d'Irak (...). Il faudra du temps avant que nous puissions les repousser." La Maison blanche a annoncé mardi soir que le président envoyait trois émissaires au Proche-Orient, le secrétaire d'Etat John Kerry, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel et la conseillère pour la lutte contre le terrorisme Lisa Monaco "pour construire un partenariat régional plus fort à court terme" contre les combattants de l'Etat islamique. Qui était le journaliste décapité? Enlevé à Alep en août 2013, Steven Sotloff était un spécialiste du Moyen-Orient. Lassé «qu'on lui tire dessus ou qu'on le prenne pour un espion», il avait confié, avant son enlèvement, son souhait de quitter la région. Steven Sotloff connaissait parfaitement les risques du métier. Ce journaliste de terrain, n'hésitait pas à s'aventurer dans les zones de conflits les plus dangereuses du monde. Comme à Alep, en Syrie, où il a été enlevé par des djihadistes le 4 août 2013. Il venait d'entrer dans le nord du pays par la frontière turque. Treize mois plus tard, le 20 août, il est réapparu pour la première fois dans une vidéo diffusée par l'Etat islamique, montrant l'exécution du journaliste James Foley. À la fin de la séquence, les djihadistes menacent de tuer Steven Sotloff. Menace mise à exécution ce mardi, dans une seconde vidéo. Originaire de Floride, Steven Sotloff a grandi à Miami avec sa mère, Shirley. Il a étudié le journalisme à l'Université de Central Florida, où il a joué au rugby et travaillé pour le journal étudiant Central Florida Future. Il y est resté trois ans avant de se lancer en tant que journaliste freelance. À 31 ans, il avait déjà collaboré avec de nombreux journaux tels que Time, National Interest, The Diplomat ou encore Foreign Policy. Passionné par le monde arabe, il voyage dans de nombreux pays, tels que l'Egypte, la Turquie, la Libye, Bahrein et dernièrement la Syrie. Il écrit notamment sur la Libye post-Khadafi, fait un reportage sur Alep et ses victimes et raconte l'attaque du consulat américain à Benghazi. «Il avait vécu au Yémen pendant des années, parlait bien l'arabe, aimait profondément le monde musulman», a tweeté Ann Marlowe, qui a travaillé avec lui en Libye.