En termes de communication, le mouvement islamiste Ennahdha ne lésine pas sur les moyens. Après avoir mis le paquet en juin dernier pour s'attacher les services d'une agence de Com parisienne en vue de redorer son image en France, le parti récidive en engageant cette fois-ci une agence de communication et de relations publiques Burson-Marsteller, surtout connue et réputée pour ses services de lobbying politique et de communication de crise. L'information a été révélée le 22 septembre par les sites spécialisées Al-Monitor et The Holmes Report. Elle a été confirmée par un communiqué de Burson-Marsteller, qui a précisé que « sa mission consistera à assister le mouvement islamiste dans ses activités de sensibilisation des médias et à soigner ses relations publiques aux Etats-Unis, au Royaume Uni et dans d'autres pays». L'agence américaine explique aussi qu'elle va aider Ennahdha à promouvoir auprès des médias et autres intervenants occidentaux «l'intérêt qu'il y a à soutenir la tenue d'élections libres et indépendantes en Tunisie». En des termes moins diplomatiques, c'est l'image de marque du parti islamiste que la boîte de Com américaine va promouvoir auprès des pays occidentaux. Ennahdha, par l'instabilité politique et sécuritaire ayant marqué ses deux ans de règne et, en a plus que jamais besoin pour récolter des soutiens extérieurs en vue des prochaines échéances électorales. Selon les termes du contrat, des rendez-vous seront organisés entre des responsables du parti et des leaders d'opinion américains. Le président d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, est déjà annoncé aux Etats-Unis à partir du 29 septembre. Il y donnera une série de conférences et aura des entrevues au département d'Etat américain, selon le site l Al-Monitor. L'organisation de cette tournée du chef historique d'Ennahdha a été déjà confiée à Radhwan Masmoudi, président du centre d'étude sur l'islam et la démocratie. (Center for the Study of Islam and Democracy). «Les islamistes Tunisiens ont encore besoin de lutter contre une idée largement répandue en Occident selon laquelle les partis islamistes ont tendance, une fois arrivés au pouvoir, à faire main basse sur les institutions de l'Etat et à changer le mode de vie de la société. Je crois qu'il cherchent à convaincre les Occidentaux du fait qu'il existe des islamistes qui croient en la démocratie», commente David Ottoway, chercheur senior au département Moyen-Orient de l'Institut américain Wilson Center. Burson-Marsteller a, par ailleurs, fait savoir le contrat qui le lie au parti vainqueur des élections du 23 octobre est conforme à la loi américaine sur l'enregistrement des agents étrangers (le Foreign Agents Registration Act, FARA), c'est-à-dire la législation des Etats-Unis sur les lobbies étrangers, et que l'accord entre les deux parties a été approuvé par le ministère américain de la Justice le 18 septembre. Le contrat, dont le montant n'a pas été révélé, est le fruit des négociations menées entre l'agence américaine et le bureau du mouvement Ennahdha à Londres. Le mouvement Ennahdha avait engagé en juin dernier l'agence de communication parisienne Regis Lefebvre Communication» pour cultiver son image auprès des Français et des quelque 600.000 Tunisiens résidant dans l'Hexagone. Du coup, plusieurs médias français n'utilisent plus les habituels termes «intégristes», «fondamentalistes » ou encore «ennemis de la démocratie » pour parler des islamistes d'Ennahdha et présentent le fait que le parti de Rached Ghannouchi n'ait pas présenté un candidat à la présidentielle du 23 novembre comme étant un «refus d'accaparer le pouvoir» et un «signe de maturité» de la formation islamiste...