Le documentaire "Bouts de vie, bouts de rêves" film du réalisateur Hamid Benamara, une évocation de personnalités marquantes de l'histoire de l'Algérie et des mouvements révolutionnaires dans le monde à partir du travail de l'artiste algérien Mustapha Boutadjine a été projeté jeudi dernier au Mondial dans le cadre des Journées du cinéma européen. Le réalisateur Hamid Benamara s'est inspiré des portraits de moudjahidines, d'artistes, d'hommes politiques et d'intellectuels (Ali La Pointe, Djamila Boupacha, Henry Aleg, Meryem Makeba, Fidel Castro, etc) réalisés par le plasticien Algérien à partir de collages de coupures de revues et de journaux pour construire la trame de son documentaire et rend ainsi hommage à la lutte du peuple algérien pour son indépendance. Histoires algériennes Entre différentes rencontres avec Mustapha Boutadjine, concepteur entres autres du logo de l'entreprise nationale "Naftal" et images filmées par le réalisateur depuis 1982 dans différents pays (Algérie, France, Tunisie), "Bouts de vie, bouts de rêve" se propose d'inscrire l'histoire de la révolution algérienne dans un contexte universel de lutte contre toutes les formes d'oppression telles que le racisme, la dictature ou encore l'exploitation des richesses des pays du Sud au détriment des populations. Par ailleurs, le réalisateur rend également hommage dans ce documentaire autoproduit à son quartier natal, la Glacière (Alger) à travers l'évocation de personnalités sportives et artistiques originaires de ce lieu. « Mustapha et moi sommes nés dans la même rue «Génie civil» située dans le quartier de la Glacière à El Harrach. Mustapha était mon aîné. Très tôt déjà, quand je le rencontrais dans le quartier, je savais que c'était un artiste dans l'âme, mais je n'avais jamais osé lui parler. Je l'ai découvert curieusement à Paris, par un heureux concours de circonstance lorsque je suis allé dans son atelier et j'ai découvert ses toiles qui mettaient en lumière des personnalités qui ont marqué l'histoire. J'ai été ému par sa démarche. Filmer ses toiles me paraissait donc comme une évidence, c'était presque une rencontre obligatoire », explique le réalisateur. A la croisée du doc et de la fiction La Glacière est représentative de ces centaines de quartiers populaires, de villes de ce pays. « Je dis toujours qu'il faut avoir le point de vue du satellite et celui de la fourmi, lorsqu'on arrive à combiner ces deux visions, l'angle est complet. Lorsque je suis reparti à la Glacière pour filmer, c'était une façon de rappeler aux gens combien ces endroits, longtemps restés dans l'ombre, sont si précieux. Le diamant ne se trouve jamais à la surface de la terre, il faut creuser pour trouver les plus belles pierres » ajoute Hamid Benamara. Le film tente de mettre en lumière une personnalité exceptionnelle algérienne qui a introduit le design en Algérie. D'ailleurs, on voit clairement dans le film que le logo de Naftal, les premiers plans du métro d'Alger datant de 1982, de même que les plans des kiosques parisiens ont été conçus par Mustapha qui a apporté beaucoup de choses novatrices pour l'Algérie. "Bouts de vie, bouts de rêves" est à la croisée du documentaire et de la fiction. A part, les propos authentique de Mustapha et des autres intervenants, le film est cadré, éclairé et monté comme une fiction. C'est un style qui se démarque des genres cinématographiques classiques. « J'avais une musique interne tout au long du tournage, calquée sur le rythme narratif du conte. Il fallait que je tienne en haleine mon spectateur. Je me suis inspiré d'El Moutanabi et Abou Tama, les grands noms de cette culture » note le réalisateur En compétition dans la sélection documentaire, "Bouts de vie, bouts de rêves" risque de remporter un prix tant ses propos son sincères.