Apprentissage de la démocratie oblige, le scrutin législatif a été marqué par une multitude de dépassements et d'infractions au Code électoral qui ont été répertoriés par les observateurs locaux et étrangers déployés dans les différentes régions de la République. Ainsi, l'Association Tunisienne pour l'intégrité et la démocratie des élections (ATIDE) qui a déployé plus de 2690 observateurs accrédités par l'ISIE dans les 27 circonscriptions de l'intérieur du pays a annoncé dans un rapport publié hier avoir constaté un manque de neutralité et une infiltration politique dans les bureaux de vote. « Les membres de plusieurs centres et bureaux de vote n'étaient pas neutres politiquement (Ettadhaman, Kasserine, Djerba, Ben Arous, Sidi Bou ZId, Sousse). A Béja, la présidente d'un bureau de vote était elle-même candidate sur une liste. L'ATIDE a fait constater officiellement cette infraction par huissier. L'ISIE l'a alors exclue du bureau de vote à16 heures », précise l'association. Et d'ajouter : « Des membres de bureaux de vote à Hamma Gabes ont influencé le choix des électeurs. Le président de l'IRIE Gabes a été alors invité pour constater l'infraction. Ce dernier s'est imité a avertir les concernés ». L'ATIDE indique, d'autre part, que la propagande électorale au sein des bureaux de vote a représenté un quart des infractions observés, relevant notamment l'exploitation des enfants dans des campagnes devant les centres de vote (Sijoumi, Mallassine, Ariana), la distribution de listes à des personnes âgées (Kasserine), des appels au vote pour une liste (Kef) et le ransport d'électeurs par le biais d'une voiture appartenant à une liste politique bien précise Plus graves, des tentatives d'achat de voix des électeurs ont été observées dans plusieurs régions telles que Douar Hicher, Oued Elli, Kasserine, Zarzis, Sidi Bouzid. Dysfonctionnements Sur un autre plan, l'ATIDE a relevé des dysfonctionnements au niveau des bureaux de vote. « Dans 6% des bureaux de vote, les urnes n'ont pas été ouvertes devant les observateurs pour leur montrer qu'elles étaient vides avant l'entrée des électeurs. Des bulletins de vote n'ont pas été comptés dans plusieurs bureaux de vote », précise l'organisation dans son rapport , idiquant aussi avoir constaté que des bulletins de vote n'étaient pas tamponnés sur les quatre coins (La Marsa, El Manar, L'Aouina, l'Ariana, Bizerte) , ce qui pourrait générer l'annulation de ces bulletins de vote . Les agents de certains bureaux de vote ont également permis aux électeurs de voter avec une copie de leur carte d'identité ou à des personnes d'accompagner des illettrés dans l'isoloir contrairement aux dispositions légales. L'ATIDE a, par ailleurs, relevé des retards d'ouverture de nombreux bureaux de vote, le non affichage des listes d'électeurs dans 31 % des bureaux, la non-disponibilité de matériel en adéquation avec la loi électorale (absence de tampons, utilisation de crayon noir, registres des signatures rédigés à la main, manque de personnel dans plusieurs bureaux de vote ...etc). De son côté le réseau d'observation Mourakiboun a fait savoir que que 84% des bureaux de vote ont respecté les procédures légales du processus électoral. Des dépassements minimes ont été enregistrés dans 15% des bureaux de vote alors que des violations graves ont été répertoriées dans 1% des bureaux. Mourakiboun a, par ailleurs, relevé que 5% des bureaux de vote ont permis aux électeurs d'utiliser des photocopies de cartes d'identité. D'un autre coté, les observateurs ont enregistré que 4% des bureaux ont rajouté des listes d'électeurs permettant ainsi aux personnes non inscrites de voter. Du côté de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) Mme Khamael Fennich, membre du conseil de l'instance a déclaré que les observateurs étrangers et locaux n'ont pas, à priori, relevé des infractions graves qui pourraient influencer les résultats du scrutin».