Le rapport annuel du groupe de la Banque Mondiale sur les facilités de faire les affaires « Doing Business 2015 » a été publié hier. La Tunisie a perdu cette année 4 places dans le classement mondial en rétrogradant du 56ème au 60ème rang mondial sur 189 économies. Sur les 10 indicateurs déterminants de l'indice global, 7 ont enregistré un recul par rapport au classement 2014 et 3 indicateurs sont restés inchangés. Le fléchissement du commerce transfrontalier et de la création d'entreprise a été à l'origine de cette dégringolade. Evidemment, le climat des affaires en Tunisie n'est pas au beau fixe. Un constat qui s'est matérialisé durant l'année 2014 par la baisse des IDE par la régression des exportations tunisiennes mais aussi par la perpétuelle baisse des intentions d'investissements. L'environnement politique et surtout sécuritaire n'ont guère encouragé les détenteurs de capitaux qu'ils soient nationaux autochtones ou étrangers. C'est dire que les résultats du rapport « Doing business » sur la Tunisie n'est surtout pas une surprise. Ceci dit et en dépit des facteurs para-économiques, de la menace terroriste et des tohu-bohus qui ont marqué l'exercice 2014, la Tunisie demeure toujours à la tête du peloton maghrébin en devançant le Maroc (71ème), l'Algérie (154ème) et la Libye (188ème). Revenons maintenant aux indicateurs de base du classement 2015 du groupe de la Banque Mondiale pour voir les principaux hics ou handicaps à faire les affaires en Tunisie. En matière de commerce transfrontalier l'économie nationale a perdu 12 places dans le classement mondial passant du 38ème au 50ème rang. Il faut dire que selon la méthodologie de calcul Doing Business recense le temps et le coût (hors droits de douane) associés à l'exportation et l'importation d'une cargaison standard de marchandises par voie maritime. Tous les délais et les coûts des procédures officielles d'exportation et d'importation sont recensés à l'exception du coût du transport maritime. La régression de cet indicateur s'explique par la paralysie partielle du port de Radès. Outre les sit in et les mouvements sociaux, les opérateurs du commerce international ne cessent de déplorer les retards observés dans le dédouanement et l'acheminement de leurs marchandises et l'encombrement observé dans le port. Des difficultés qu'il faut surmonter au plus vite, question de réhabiliter l'avantage compétitif de l'économie tunisienne et de stimuler les échanges commerciaux. 11 places de moins dans la création d'entreprises L'indicateur création d'entreprises a chuté à son tour de 11 places. Rappelons que Doing business recense à travers ce déterminant de base toutes les procédures officiellement exigées d'un entrepreneur, ou couramment effectuées, lors de la création et la gestion officielle d'une entreprise industrielle ou commerciale, ainsi que les délais et le coût requis pour les accomplir et enfin le versement du capital minimum demandé. Ainsi la lenteur des procédures et le nombre de paperasse exigé en Tunisie paralyse l'entrepreneuriat et la création d'entreprise. La moyenne attribuée à l'économie tunisienne, soit 10 points est supérieure à la moyenne de la région MENA (8points) et à la moyenne de l'OCDE (4,8%). Par ailleurs, et s'agissant des autres indicateurs de référence pris en compte par le rapport on notera successivement un recul de 5 rangs au niveau de l'obtention de prêts et de paiement des taxes et impôts. Il va sans dire qu'en matière d'obtention de prêts la Tunisie est classée 116ème. Ce retard observé est expliqué selon la méthodologie suivie par le rapport par l'absence d'une protection juridique des emprunteurs et des prêteurs. En matière de transfert de propriété la Tunisie a perdu 2 places et une place dans son classement mondial en matière de sa capacité à protéger les investisseurs minoritaires et en matière d'exécution des contrats. Malgré le léger recul dans les facilités de faire les affaires en Tunisie, le bilan est mitigé notamment si l'on prend en considération les tumultes qui ont marqué l'économie nationale durant l'année 2014. D'ici le prochain rapport de Doing Business, la Tunisie pourra rectifier le tir et améliorer son positionnement sur l'échiquier régional et international.