Des mutations profondes ne cessent d'être enregistrées dans la structure de la famille tunisienne. La relation, parent-enfants, n'est plus comme avant. Ces derniers sont de plus en plus indépendants. Ils décident eux mêmes du choix de leur conjoint en se basant sur plusieurs critères d'ordre socioéconomique, culturel et de niveau d'instruction. Cette tâche a souvent été confiée aux parents. C'est ce qu'a démontré le rapport des mutations socio-démographiques de la famille tunisienne, analyse approfondie des résultats de l'enquête PAPFAM, Projet Pan Arabe sur la Santé de la Famille. Le rapport est édité par l'Office National de la Famille et de la Population.
Qu'en est-il aujourd'hui du choix du conjoint en Tunisie ? Quel rôle a la famille dans l'orientation et l'influence des choix matrimoniaux des jeunes ? Quel est le rôle des jeunes dans la sélection de leurs futurs partenaires ou de future résidence ? C'est à ces questions que les études et les enquêtes réalisées dans le domaine et notamment le Projet Pan Arabe sur la Santé de la Famille PAPFAM ont essayé de répondre. En effet, le choix du conjoint s'effectue en dehors de la famille. En d'autres termes, les jeunes filles ou garçons tentent de ne pas dépendre de leur univers familial et plus particulièrement de leurs parents pour le choix de leur futur partenaire. Ils choisissent en fait, leur conjoint en fonction de plusieurs critères tels que le travail, le niveau d'instruction. Le rapport PAPFAM a démontré que le choix du partenaire s'effectue dans un processus interactif où la famille se contente de jouer un rôle de second rang. Notamment, le nombre des ménages constitués d'époux ayant le même niveau de scolarité est en augmentation continue selon les résultats de l'enquête. Les chiffres démontrent que 58 % des hommes ayant un niveau d'études universitaires choisissent aujourd'hui des femmes de même niveau d'instruction alors que cette proportion ne dépassait pas les 8 % dans la deuxième génération (1971-1980). De même le croisement du niveau d'instruction de l'époux et celui de l'épouse démontre qu'une minorité des hommes ayant un niveau supérieur se marient avec des femmes de niveau scolaire secondaire ou primaire. Plus de la moitié des hommes de niveau primaire choisissent des femmes de même milieu social et de même niveau. D'ailleurs, « nous assistons depuis des décennies à un rapprochement des secteurs d'activité masculins et féminins ».
Une différence d'âge qui se resserre Quant au facteur d'âge, l'enquête a révélé que, chez nous comme dans d'autres pays arabes la différence d'âge entre les conjoints ne cesse de se resserrer d'une génération à une autre. La moitié des femmes touchées par l'enquête ont épousé des hommes ayant un écart d'âge égal ou inférieur à six ans. Plus de 30 % des femmes ont avec leur marie une différence d'âge qui ne dépasse pas les 4 ans. Par ailleurs, l'étude explique l'élévation de l'âge au premier mariage chez les deux sexes par la promulgation du Code de statut Personnel qui a imposé l'augmentation de l'âge du premier mariage pour les deux sexes. Mais l'âge moyen préféré aussi bien pour les filles que pour les garçons varie en fonction du niveau d'instruction ainsi qu'en fonction du milieu de résidence. « En fait, à mesure que le niveau d'instruction s'élève, l'âge moyen souhaité au premier mariage s'élève en conséquence » d'après le rapport. Les modalités du choix du conjoint sont par conséquent le résultat des changements socioéconomiques, culturels et démographiques de la société tunisienne. Il est, notamment question de la baisse de la fécondité et de l'augmentation du taux de célibat. Le rapport a démontré que ces différents facteurs ont eu des répercussions sur la formation et la structure des couples. D'après cette source, « les différentes modalités du choix du conjoint attestent de la complication de la formation du couple et édifient une certaine égalité entre les hommes et les femmes devant l'institution matrimoniale ». « Le niveau d'instruction, la profession le voisinage sont parmi les nouveaux cadres de référence de cette pratique qui prennent de l'ampleur dans notre société » démontre le rapport. Et d'expliquer ; « le mariage constitue aujourd'hui surtout pour les deux sexes un pilier de changement notamment des trajectoires professionnelles et sociales et institue une certaine égalité entre les deux sexes sur le marché matrimonial ». Les choix des jeunes sont basés davantage sur la similitude et les ressemblances fondées sur une certaine autonomie. Cette dernière s'est développée « grâce à l'influence convergente des changements qui ont affecté notre structure familiale traditionnelle et se traduisent par une certaine ouverture entre parents et enfants. En même temps nous remarquons une tendance progressive vers l'individualisation, le conjugal, le privé... », Toujours d'après le rapport.