Un nouveau classement des meilleures universités arabes vient de confirmer la dégradation de la qualité de l'enseignement supérieur en Tunisie. Selon ce classement réalisé par «US News & World Report», un cabinet spécialisé dans le conseil aux consommateurs et les analyses, aucune université tunisienne ne figure dans le Top 10 des meilleures universités arabes. La première université tunisienne dans le classement global (toutes spécialités confondues) n'apparaît qu'à la 12ème place. Il s'agit de l'Université de Sfax. L'Université de Monastir et l'Université de Tunis El Manar occupent respectivement les 16ème et 17ème rangs dans ce classement. L'Université de Carthage pinte à la 26ème position. Au milieu du tableau, on trouve l'Université de Tunis à la 40ème position et celle de Sousse à la 53ème position. L'Université de la Manouba (86ème) et l'Université de Gabés (68ème) se trouvent, quant à elles, en bas du tableau. Les universités Saoudiennes, égyptiennes, libanaises et émiraties accaparent le Top 10 du classement global. Les universités saoudiennes trustent les trois premières places du classement (King Saud University, King Abdulaziz University et King Abdullah University of Science & Technology). Viennent ensuite l'Université du Caire, l'Université américaine de Beyrouth (Liban), Mansoura University (Egypte), Ain Shams University (Egypte), King Fahd University of Petroleum & Minerals (Arabie Saoudite), Alexandria University (Egypte) et United Arab Emirates University (Emirats Arabes Unis). Le classement réalisé par US News & World Report se base essentiellement sur les performances des universités dans le domaine de la recherche. Il comprend aussi des classements par spécialité, dont les Sciences informatiques, les Sciences biologiques, la Chimie, les Sciences de la Vie et de la Terre, l'ingénierie et la Médecine. Les divers classements se basent sur les recherches déjà publiées et recensées par Scopus, la plus grande base de données au monde. Pour figurer dans le classement, une université doit avoir au moins 400 publications scientifiques recensées par Scopus. Objectifs quantitatifs Dans le classement par spécialité, l'Université de Sfax réalise de bons scores. Elle arrive à la 4ème en Sciences informatiques, à la 3ème position en Sciences Biologiques, et à la 11ème en Chimie. Dans la spécialité Sciences de la Vie et de la Terre, l'Université de Sfax occupe le 5ème rang, devant l'Université Tunis El Manar (6ème). Ce classement confirme, si besoin est, que l'Université est devenue l'homme malade de la Tunisie. Sous le règne de Bourguiba, l'éducation a été érigée en priorité nationale. L'objectif de l'Etat était alors d'éradiquer l'analphabétisme. L'essentiel était d'apprendre à lire et à écrire mais le plus important avait été négligé. On n'apprenait pas aux élèves de comprendre, réfléchir, questionner, critiquer, analyser et synthétiser... Cela n'avait pas pourtant empêché l'Université tunisienne de produire des dizaines de milliers de têtes bien faites. D'autant plus que l'accès à ce cycle de l'enseignement était limité et sélectif, en raison notamment du manque de moyens de l'Etat. Avec l'arrivée de Ben Ali au pouvoir, les objectifs quantitatifs qui visaient à produire de belles statistiques nécessaires à l'opération de marketing du vrai faux «miracle tunisien» l'ont emporté sur les aspects qualitatifs. La politique de démocratisation de l'éducation qui a été étendue à tous les niveaux de l'enseignement (primaire, secondaire et supérieur) a été utilisée comme un instrument de propagande politique. La plupart des doyens des universités et des instituts étaient d'ailleurs nommés seulement sur la base de leur appartenance au Rassemblement Constitutionnel démocratique (RCD). Conséquence: durant les vingt trois années de règne de Ben Ali le nombre des diplômés du supérieur a explosé, mais le niveau des apprenants s'est gravement détérioré, ce qui a abouti à une forte inadéquation entre les compétences des diplômés et les besoins réels du marché de l'emploi. Selon les estimations des experts, moins de 30% seulement des jeunes diplômés tunisiens à la recherche d'un emploi disposent des compétences requises.