Le tribunal militaire a condamné hier le blogueur Yassine Ayari à un an de prison ferme. Cela veut dire que sa peine de trois ans en première instance a été commuée mais que sur le principe l'accusation est maintenue. Rappelons que le bloggeur en question se trouvait à Paris lors de sa condamnation initiale à laquelle il a fait opposition avant de venir en Tunisie, où il a été arrêté dès son arrivée à l'aéroport. Il devait rester libre malgré l'exécution immédiate mentionnée dans le jugement, conformément à la procédure. Toutefois, au cours de l'audience, le tribunal a émis un mandat de dépôt à son encontre, afin qu'il soit placé en détention, alors que l'affaire a été renvoyée à la date d'hier. Entre-temps il a été entendu le 12 janvier sur les chefs d'inculpation dont il faisait l'objet à savoir : -Diffamation et outrage public à l'encontre d'officiers supérieurs et cadres au ministère de la défense, insultes publiques et allégations de fausses informations. -Propagation de rumeurs susceptibles de perturber les unités militaires et faisant croire à l'existence de graves problèmes au sein de l'institution telle que la démission de l'actuel chef- d'Etat major de l'armée de terre. -Accusations sans preuves de certains dirigeants, d'abus financiers Des condamnations qui sont passibles de lourdes peines de prison. Les avocats de Yassine Ayari se sont d'abord retirés de la salle, suite à l'interdiction d'accès aux journalistes par la présidente . « On n'est pas dans une caserne mais dans un tribunal ! » s'étaient-ils exclamés. Quelque temps plus tard, la présidente s'est rétractée en permettant l'accès à la salle pour quelques journalistes. Au cours de leur plaidoirie, les avocats ont été unanimes à invoquer le défaut de procédure et le non-fondé des accusations à l'encontre de leur client. Concernant le défaut de procédure ils ont soutenu que leur client n'a pas été convoqué au départ à son adresse actuelle mais à sa dernière adresse connue. Par ailleurs ils ont soulevé l'incompétence du tribunal militaire. En tout état de cause et sur le fond les avocats ont soutenu que les accusations dirigées contre leur client ne sont pas fondées, ne serait-ce que pour l'absence de l'élément moral, Yassine Ayari n'avait aucunement l'intention de nuire à la réputation des officiers et des cadres du ministère de la défense. Le tribunal a jugé en vertu de l'intime conviction du juge et les avocats sont en mesure d'interjeter appel conformément à la procédure.