Détenusen Libye depuis le 8 septembre 2014, le sort de SofieneChourabi et Nadhir Guetari est toujours inconnu par les autorités tunisiennes qui, et malgré la mise en place d'une cellule de crise qui s'occupe de cette affaire, n'arrivent toujours pas à localiser les deux journalistes. Un groupe de bloggeurs a lancé une initiative sur les réseaux sociaux afin de marquer la date du 21 janvier 2015 comme la date nationale du ‘bloging' tunisien et afficher leur soutien inconditionnel aux deux détenus tunisiens. Abdelkarim Ben Abdallah, le bloggeur ayant lancé l'initiative, a bien voulu répondre à quelques-unes de nos questions. Il nous a expliqué qu'il a pris l'initiative de lancer cette action afin de dire que personne n'oublie SofieneChourabi et NadhirGuetari. Pour lui, la confusion émanant de cette affaire ne peut plus être tolérée « on n'a aucun moyen d'évaluer le travail du gouvernement tunisien et de sa cellule de crise qui s'occupe de ce dossier, tout ce que l'on constate c'est que cela prend énormément de temps. C'est vrai que la Tunisie n'a pas l'habitude de traiter avec ce genre d'affaires, mais les choses doivent tout-de-même bouger ». Abdelkarim Ben Abdallah nous a cependant confié qu'il savait qu'il y avait deux personnes de ladite cellule qui étaient directement en contact avec les ravisseurs des deux journalistes. « On sait très bien que la cellule fait son possible, mais ses efforts doivent absolument redoubler. » A la question de si cette journée allait prendre une autre ampleur, sur terrain par exemple, le bloggeur nous a répondu que, pour l'instant, l'on réfléchissait juste à rendre cette journée hebdomadaire. « Sofiene était lui-même bloggeur, il n'a jamais raté de soutenir une cause de la liberté d'expression. Aujourd'hui, on ne peut qu'être solidaire avec celui qui ne nous a jamais laissés tomber. » Interrogé sur le cas de Yassine Ayari, le bloggeur qui a été condamné à un an de prison ferme par le Tribunal militaire, Abdelkarim Ben Abdallah a répondu comme suit : « On ne reconnaît plus Yassine Ayari de 2010, celui qui a lutté contre la censure et l'oppression, on retrouve aujourd'hui, ce même Yassine en train de se vendre aux partis politiques et d'insulter et diffamer toute personne qui ose le critiquer, même ses amis les plus proches. Cependant, nous le soutenons lui aussi, parce qu'on ne trouve pas normal qu'il soit traduit devant le Tribunal militaire. » Fatma Riahi, bloggeuse et opposante phare au temps de Ben Ali, nous a indiqué que ce genre d'initiative existe en Tunisie depuis les événements du bassin minier, survenus en 2008 dans la ville de Gafsa. Pour l'action du 21 janvier 2015, la bloggeuse a précisé que cela avait pour but « de rafraîchir la mémoire tunisienne très courte ». « SofieneChourabi a toujours été présent à tous les moments délicats de la liberté d'expression, il n'a jamais laissé tomber personne. Cette initiative est un humble soutien pour notre confrère dont on n'a aucune nouvelle aujourd'hui. » Fatma Riahi a fini par indiquer que la frustration devenait de plus en plus insupportable face à une quasi-absence d'information sur la condition des deux journalistes. Notre consœur SaïmaMzoughi est aussi participante à cette journée nationale dédiée à Sofiene et Nadhir, pour elle, cette piqûre de rappel doit être insistante jusqu'à ce que les deux journalistes reviennent sains et saufs en Tunisie. « Alors que le sort de SofieneChourabi et de NadhirGuetari reste toujours inconnu et pendant que les efforts gouvernementaux n'ont toujours pas abouti, la souffrance des otages (s'ils sont toujours en vie), de leurs familles et de tout journaliste et bloggeur tunisien ne cesse d'augmenter. Il y a quelques jours de cela, deux citoyens japonais ont été pris en otage par les membres de Daech, en quelques heures, le premier-ministre japonais a annoncé que cette affaire était devenue la priorité de tout le pays, en Tunisie, on n'est même pas proche de cet esprit. Selon mes sources, l'état de santé de Sofiene et de Nadhir est très détérioré, ils auraient été vendus plus d'une fois, d'une tribu à une autre... je ne vais pas m'étaler encore plus sur les détails de ce dossier, mais leur sécurité est la nôtre et leur survie est la nôtre. On écrira tous les jours, dans tous nos journaux et tous nos blogs, on écrira jusqu'à ce que nos voix soient entendues, j'appelle tous les bloggeurs et les journalistes à se mobiliser, nous sommes et nous resterons tous Sofiene et Nadhir. » Cette action nationale, visant à libérer nos deux confrères, coïncide avec une action internationale lancée contre le traitement que subitRaifBadaoui, bloggeur saoudien, condamné à dix ans de prison et mille coups de fouet pour avoir créé un blog en Arabie Saoudite...