Le Centre de Tunis pour la liberté de la presse (Ctlp) constitue une commission de suivi, regroupant un nombre d'activistes en matière de droits de l'Homme. Le plaidoyer est, désormais, lancé Plus de 600 jours sont déjà passés, sans aucune nouvelle rassurante sur le sort de nos collègues journalistes Sofiène Chourabi et Nadhir Guetari, pris en otage, depuis le 8 septembre 2014, en Libye. L'affaire fait, alors, du surplace. Morts ou vivants, qui sait? Et les rumeurs colportées, ici et ailleurs, sur fond d'informations autant imprécises et confuses n'ont fait, à chaque fois, que taper sur les nerfs de leurs familles, toujours en détresse. Entre déception, frustration ou lueur d'espoir, elles prennent leur mal en patience. Silence radio Et pourtant, ni la partie tunisienne ni celle libyenne n'ont eu le courage d'apporter la vérité recherchée. Même pas la cellule de crise timidement constituée au sein du ministère des Affaires étrangères, se faisant passer pour l'interface censée maintenir le cap de communication sur le dossier. Cela dit, une affaire d'Etat par excellence dont l'irrésolution diplomatique risque de remettre sa souveraineté en question. Jusqu'au terme de son mandat à la tête de la diplomatie tunisienne, M. Taieb Baccouche n'a pas su s'en sortir, se contentant, à maintes reprises, de ménager la chèvre et le chou. L'homme n'avait que des propos propres à jeter de la poudre aux yeux, comme l'ont déduit, essoufflés, les parents des disparus. Alors que M. Baccouche avait déclaré, le 19 février 2015, qu'il est tenu à la discrétion sur l'affaire Sofiène et Nadhir, rassurant, à l'époque, que l'enquête allait bon train, mais qu'il ne pouvait donner d'amples détails, pour des raisons de protection. Les échos des coulisses nous livrèrent de bonnes nouvelles : les deux journalistes kidnappés sont encore en vie. Toutefois, ces révélations, aussi incertaines soient-elles, mais bien officielles, seraient, au fil des jours, parties en fumée. Quant à son successeur, Khemais Jhinaoui, il semble, jusqu'ici, être aux abonnés absents. Silence radio ! Ni vrai, ni faux.. Entre-temps, déclarations et contre-déclarations fusaient de part et d'autre. Suite aux nouvelles qui circulaient depuis, sur une éventuelle exécution de nos confrères par une milice terroriste en Libye, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, avait, le 9 janvier 2015, reçu, au Palais de Carthage, les familles des journalistes séquestrés. Vrai ou faux ? Rien n'a été, jusque-là, confirmé. Et l'incertitude gagne de nouveau et la famille et la corporation. Du côté du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), il y a, toujours, espoir de les retrouver vivants. Une large banderole à l'effigie des disparus flotte devant le siège, au Belvédère, à Tunis, sur laquelle on pouvait lire : «On ne vous a jamais oubliés». Cela rentre, bien entendu, dans une campagne de soutien. Mais, le Snjt aurait pu faire mieux, face à pareille passivité totale. Au point que le père de Nadhir, Sami Guetari, n'a pas manqué de critiquer sa position, jugeant que le syndicat n'est pas aussi prêt à collaborer, afin d'assurer le retour de son fils et Sofiène. Il a, du reste, évoqué l'incapacité de l'Etat tunisien dans ce dossier. Quand la société civile détient les commandes Traînant en longueur, l'affaire Sofiène et Nadhir serait-elle une gageure qui pourrait mettre tout gouvernement à rude épreuve? Que faire? Le Centre de Tunis pour la liberté de la presse (Ctlp) pense à un certain recours à l'international. Il vient, tout juste, de constituer une commission ad hoc de suivi, et dont l'initiative a été concertée avec les parents des deux journalistes. L'objectif, selon M. Mahmoud Dhaouadi, président du Ctlp, est de mobiliser l'opinion publique tant nationale qu'internationale autour de cette affaire. Ladite commission œuvre, également, à sensibiliser les décideurs politiques quant à la nécessité de répondre à l'appel. En font partie un certain nombre de droits-de-l'hommistes relevant de la société civile tunisienne et étrangère, à savoir Souhir Belhassen, Neziha Rejiba, alias Om Zied, Lina Ben Mhenni, Ahmed Karâoud, Anouar Ben Gueddour, Tarek Hiba, Zouhair Makhlouf, Mohamed Mâali. Cette équipe aura ainsi à agir, sous la houlette de M. Jalel Materi, coordinateur de la commission.