Le Syndicat national des ingénieurs tunisiens a annoncé, dans un communiqué publié le 10 févier, avoir lancé mot d'ordre d'une grève générale de trois jours (du 23 au 25 février 2015), en signe de protestation contre la marginalisation de ce corps de métier. «Face au manque de réaction du gouvernement aux divers revendications des ingénieurs qui lui ont été présentées à plusieurs reprises, nous avons décrété une grève générale de trois jours qui concernera l'ensemble des ingénieurs actifs sur tout le territoire, et ce en raison de la situation déplorable de la profession», a précisé le syndicat dans son préavis de grève adressé au Chef du gouvernement, au ministre des Affaires sociales et au ministre de l'Intérieur. Le syndicat a également indiqué que ce débrayage est notamment motivé par la mauvaise situation sociale des ingénieurs et les salaires bas qu'ils perçoivent. «Un grand nombre d'ingénieurs perçoivent des salaires de misère. Il n'est pas en effet rare de trouver un ingénieur exerçant dans le secteur privé dont le traitement mensuel ne dépasse pas les 300 ou 400 dinars», s'offusque le président du Syndicat national des ingénieurs tunisiens, Fakhreddine Khelifa. Et d'ajouter : «Dans le secteur public, la situation est relativement meilleure même si d'une façon générale les salaires des ingénieurs n'ont même augmenté que de moins de 5% depuis la révolution alors que des corporations comparables comme les médecins, les magistrats ou encore les enseignants du supérieur ont vu leurs honoraires augmenter d'environ 50% au cours des quatre dernières années». M. Khelifa précise que la grève est avant tout un moyen par lequel les ingénieurs vont tenter d'attirer l'attention des autorités sur la situation catastrophique de la profession qui a été longtemps marginalisé en dépit de son importance capitale pour le développement économique et social du pays. «Si la profession noble continue à être marginalisée, elle n'attirera plus dans quelques années la crème des bacheliers. Cela est d'autant plus attendu que les universités privées ont été autorisées à délivrer des diplômes d'ingénieurs reconnus par le ministère de l'Enseignement supérieur en contrepartie de quelques milliers de dinars sonnants et trébuchants», souligne-t-il. Révision du cadre légal Outre l'amélioration de la situation matérielle de ses adhérents, le syndicat national des ingénieurs Tunisiens réclame une profonde révision du cadre légal et règlementaire régissant la profession et la formation dans le domaine de l'ingénierie. Le président de ce syndicat créé en mars 2011 pour défendre les intérêts de la profession révèle, par ailleurs, que le Conseil de l'Ordre des ingénieurs tunisiens devrait apporter son soutien à la grève prévue du 23 au 25 février. Dans ce cadre, il nie d'ailleurs toute rivalité entre le syndicat et le Conseil de l'Ordre, lequel ne peut pas, selon lui, de par son statut lancer un mot d'ordre de grève générale. Il est à rappeler que les étudiants inscrits dans les écoles d'ingénieurs ont observé récemment une grève qui s'est étalée sur plusieurs semaines avant de mettre fin à ce mouvement de protestation suite à un accord avec le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et des Technologies de l'information. Cet accord prévoit notamment la révision des cahiers des charges régissant les autorisations de formation aux métiers d'ingénieur dans le secteur privé dans le sens d'un durcissement modalités d'admission des étudiants en ingénierie dans les universités privées.