Le Temps-Agences - Le président somalien Abdullahi Yusuf Ahmed a fait son entrée hier dans Mogadiscio pour la première fois en tant que chef de l'Etat dans la capitale, où il n'était pas retourné depuis près de 20 ans. M. Yusuf est arrivé à l'aéroport international de Mogadiscio, tenu depuis le 28 décembre par les troupes éthiopiennes et gouvernementales somaliennes qui ont mis en déroute les forces des tribunaux islamiques maîtresses de la capitale depuis juin-juillet 2006. Il a été accueilli par le Premier ministre Ali Mohamed Gedi à l'aéroport où la sécurité était considérablement renforcée. Il s'est ensuite rendu sous forte escorte à Villa Somalia, résidence des présidents de la Somalie, pays privé de pouvoir central depuis le début de la guerre civile en 1991. Le président, élu à Nairobi en 2004 par les parlementaires somaliens, n'avait pu venir dans la capitale depuis son élection, tout d'abord en raison de l'hostilité de chefs de guerre qui ne reconnaissaient pas son autorité, puis - après la défaite de ces derniers face aux forces des tribunaux islamiques - du fait du conflit entre les institutions de transition somaliennes et les islamistes. Son dernier séjour dans la capitale somalienne date même de 1978, Abdullahi Yusuf Ahmed avait alors fui la ville pour sa participation présumée à une tentative de coup d'Etat contre l'ancien dictateur Mohamed Siad Barre, dont le renversement en 1991 a marqué le début de la guerre civile. Le 18 septembre 2006, il avait échappé à un attentat à Baidoa, ville du centre du pays où le gouvernement siégeait, faute de pouvoir s'imposer dans Mogadiscio tenue par les islamistes. L'arrivée du président dans la capitale marque la volonté des institutions de transition d'asseoir leur autorité sur le pays après la défaite des islamistes. L'insécurité persiste dans Mogadiscio où le gouvernement a renoncé à désarmer par la force la population, malgré la présence dans la ville selon lui de 3.000 islamistes en armes. Trois personnes ont été tuées dimanche soir dans le sud de la ville au cours de tirs des forces éthiopiennes et somaliennes ripostant à l'attaque d'un combattant islamiste, selon des habitants. "Deux personnes, un homme et une femme, ont été tuées", a indiqué un habitant. L'homme "était assis devant sa maison" quand il a été touché mortellement par une balle, a précisé un autre habitant du quartier, Mohamed Hassan. Une jeune Somalienne de 13 ans a également été mortellement blessée par une balle perdue, après avoir été transportée à l'hôpital Medina, dans le sud. La fusillade avait éclaté vers 20H00 (18H00 HT) après une attaque par un combattant islamiste d'un camp des forces somaliennes et éthiopiennes, situé dans le sud. La vive riposte des forces éthiopiennes et somaliennes a provoqué la panique des habitants du quartier, qui se sont enfuis. Pressé par la communauté internationale d'établir un large "dialogue" dans le pays pour rétablir la stabilité, le gouvernement somalien s'est dit prêt lundi à intégrer des éléments islamistes modérés, à condition qu'ils renoncent à la violence. "Notre politique est la réconciliation. Nos portes sont ouvertes et nous devons accueillir toutes les parties somaliennes dans notre administration nationale", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Abdirahman Dinari, qui a toutefois exclu la participation de tout islamiste soupçonné de lien avec le réseau terroriste Al-Qaïda.