38 avocats inculpés par le parquet à Sfax et une grève générale des avocats, demain Suite au dernier conflit survenu entre avocats et magistrats à Sfax, l'escalade, entre ces deux partenaires de la Justice, ne cesse d'aller crescendo, l'affaire ayant pris une toute autre tournure après l'inculpation par le procureur général de Sfax de 38 avocats dont 3 membres de l'ordre à la section Sfax et un membre du comité directeur des jeunes avocats. En effet chacune des deux parties au conflit campe sur sa position et à chacune sa version des faits. Les magistrats avaient, dans un communiqué dénoncé « les actes irresponsables des avocats qui ont agressé le procureur général et perpétré des actes de trouble au sein du tribunal de Sfax entravant la bonne marche des audiences et la sérénité de la Justice. Suite à ce communiqué, les 38 avocats ont été traduits devant le tribunal par le procureur général près la Cour d'appel à Sfax, pour des faits qui constituent des délits prévus et punis par la loi. Toutefois, ils sont pour le moment des prévenus, c'est-à-dire leur culpabilité n'est pas encore établie, en vertu de la présomption d'innocence. Les avocats ont à leur tour réagi, par un communiqué de l'Ordre national en décidant, à la suite d'une réunion d'information, d'observer une grève générale demain, avec le boycott des audiences au sein de tous les tribunaux de la République. En outre une semaine de protestation, sera également observée pour dénoncer l'inculpation par le procureur des avocats sans respecter la procédure tendant à informer le bâtonnier de l'ordre. Par ailleurs et dans le même communiqué, il a été prévu d'organiser ultérieurement une marche nationale à Tunis et dans plusieurs régions de la République dont la date sera fixée ultérieurement. Est-ce à dire que c'est le bras de fer entre avocats et magistrats ? Cela ne sert en rien, en tous les cas, la justice ni les justiciables. C'est la raison pour laquelle plusieurs membres de la composante civile ont appelé à contenir le problème, que ce soit parmi les associations de défense des droits de l'Homme ou même des membres de l'ARP. Cependant l'escalade qu'a engendrée l'inculpation par le procureur général de Sfax, n'est pas de bon augure. Les magistrats reprochent aux avocats qu'ils n'avaient pas à semer le trouble au tribunal et à agresser le procureur sous prétexte qu'il a traduit leur consœur devant le juge d'instruction car ils ne sont pas au-dessus de la loi. Les avocats quant à eux, estiment que le procureur n'a pas tenu compte de l'immunité de l'avocat dans l'exercice de sa fonction. Ce fut le cas pour leur consœur, selon ce qui est rapporté par les membres du barreau de Sfax, dont Me Noômane Mzid membre de l'ordre de Sfax. Ce dernier nous a précisé que le procureur n'a pas tenu compte de ce facteur de l'immunité de l'avocat, qui a été bafoué par la police, en maltraitant leur consœur. Celle-ci s'était pourtant déplacée au poste de police en tant qu'avocate. Il en va de même concernant les 38 avocats inculpés par le procureur général sans en informer l'Ordre. Comment va se passer la grève de demain et le boycott des audiences ? La grève étant un moyen légal de protestation, reconnu par la Constitution, n'empêchera pas cependant la continuité du service de la Justice, dans l'intérêt du justiciable, qui est tenu par des délais dans certaines procédure d'urgence. Les greffiers sont donc tenus de faire preuve de compréhension, a fait remarquer Me Noômane Mzid, afin de recevoir les requêtes et ne pas refuser de le faire, comme ce fut le cas le mercredi dernier à l'éclatement du différend dont l'issue est inconnue pour le moment. D'autant plus qu'il n'y a pour le moment aucune réaction de la part des responsables tant dans le secteur de la Justice que dans celui de l'Intérieur. A moins d'une médiation de la part de l'une des associations de défense des droits de l'Homme, telle que la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, dont le président est lui-même un ancien bâtonnier, ou un membre de l'ARP.