La Fédération nationale de la santé a déposé un préavis de grève dans les établissements publics de santé pour le 28 et le 29 avril, en signe de protestation contre les mauvaises conditions de travail et la détérioration de la situation matérielle et morale du personnel soignant. Selon un communiqué publié par la Fédération rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), un grand rassemblement de protestation sera observé durant le premier jour de la grève devant le ministère de la Santé publique à Tunis à 10 heures, et devant le Palais du gouvernement à la Kasbah à partir de 11 heures. Dans les autres régions, des rassemblements auront lieu devant les hôpitaux ainsi que devant les locaux des antennes régionales de l'UGTT. Un service minimum sera, cependant, assuré en ce qui concerne les soins urgents dans tous les établissements publics de santé. La fédération nationale de la santé réclame essentiellement le lancement du chantier de la mise à niveau du secteur de la santé publique à travers notamment l'amélioration des équipements et des capacités financières des établissements publics. Elle revendique aussi la rémunération du travail pendant les dimanches et les fêtes religieuses ainsi que l'octroi d'une prime de transport au personnel soignant et la reconnaissance du caractère pénible du métier de cadre médical et paramédical. «L'hôpital public, naguère fleuron du système de soins tunisien, est en crise. Il est même en train de mourir à petit feu. Le manque d'équipements et de médicaments, la pénurie de médecins spécialistes dans les régions intérieures du pays, la dégradation des infrastructures et des conditions de travail ont considérablement nui à la qualité des services rendus à la population, ce qui favorise la multiplication des violences physiques et verbales de la part des citoyens contre le personnel soignant», s'emporte secrétaire générale de la Fédération nationale de la santé, Othmane Jallouli. La Fédération de la santé pointe également du doigt la «privatisation à marche forcée» du secteur qui est en train de favoriser l'apparition d'un système de soins à deux vitesses: un système destiné aux riches qui, moyennant des milliers de dinars sonnants et trébuchants peuvent avoir accès sans délai à des soins de qualité prodigués par d'éminents professeurs dans les cliniques privées qui poussent comme des champignons, et un autre système pour les pauvres qui sont obligés de souffrir le martyr et d'attendre souvent plusieurs mois pour se faire soigner, notamment s'il s'agit d'actes chirurgicaux lourds. «Les autorités semblent soutenir la privatisation du secteur, comme en atteste l'inauguration récente de des plusieurs cliniques par le ministre de la Santé», souligne un responsable syndical. Le ministre de la Santé a présidé hier la cérémonie d'inauguration d'une clinique privée située au Centre urbain nord. Fin mars, il avait aussi inauguré une autre clinique à Tunis, louant à cette occasion «la croissance rapide du secteur libéral de soins et sa contribution à la politique de santé du pays».