Avec les expositions de Jamel Chawki Mahdaoui et de Noomane et Sadok Gmach, l'espace Sophonisbe participe à la présence des arts tout en s'ouvrant aux jeunes de "Tunis Galerie Arts", aux étudiants de l'IHEC et aux chorales de Carthage. Un savant dosage entre travail de terrain et rayonnement culturel mis en œuvre par Mohsen Ben Abdallah, animateur de ce centre culturel... Les activités se succèdent ce printemps à l'espace Sophonisbe de Carthage selon un rythme remarquable. En effet, le programme mis en place par Mohsen Ben Abdallah, directeur de ce centre culturel municipal carthaginois se caractérise par sa variété et sa qualité. La semaine dernière, le plasticien Jamel Chaouki Mahdaoui occupait les cimaises de Sophonisbe avec son exposition "L'entre deux mondes", une collection mêlant onirisme et fantasmagorie dans un univers plastique proche de celui des Français Robert Solé ou Philippe Druillet. Expositions, concerts et conférences Grands et petits formats aux titres évocateurs donnaient toute sa consistance à cette collection qui comprend 35 œuvres et arpente artistiquement aussi bien l'histoire de Carthage que les jungles urbaines et les nostalgies. Intitulée "Soufisme", l'œuvre maîtresse de cette exposition est à elle seule tout un programme avec ses superpositions, décalages et autres figures fuyantes. Tout de suite après l'exposition de Mahdaoui, c'est un groupe de 16 femmes qui vient d'investir la galerie de l'espace Sophonisbe avec leurs œuvres plurielles. Réunies au sein du groupe "Tunisie Galerie Arts", ces exposantes sont des jeunes amatrices qui regorgent de talents. Même si la facture de leurs œuvres reste balbutiante, le travail et l'apprentissage sont bien présents. On retrouve plusieurs inspirations parmi ces talents en herbe. Portraits et natures mortes se taillent la part du lion avec aussi des paysages et des médinas. Exercices de style donc mais le talent s'affirme de la sorte et il faut souligner que l'espace fait bien de s'ouvrir aux jeunes en leur donnant la chance d'exposer. Un bon point donc avec un salut aux pédagogues qui ont encadré ce groupe jeune et féminin qui comprend bien des promesses, à l'image de Faten Ammar, Amira Najjar, Hasna Mamlouk ou Boutheina Jouini. Les expositions de printemps vont se poursuivre à Sophonisbe avec Sadok et Nooman Gmach, le père et le fils donc, qui présenteront leurs oeuvres en duo et permettront au public de retrouver deux styles marquants de la scène plastique tunisienne. D'ailleurs, cela fait un bail que ces deux artistes n'ont pas exposé et le fait qu'ils le feront ensemble permettra de mesurer la proximité de leurs inspirations ainsi que la diversité de leurs approches. En soi, l'exposition Gmach constituera certainement l'un des événements picturaux de ce printemps. Dernière exposition de ce cycle, celle de l'Union des Plasticiens devrait elle aussi permettre de retrouver de nombreux talents et, surtout, d'aller aux sources de la créativité contemporaine. Ce volet artistique du calendrier de l'espace Sophonisbe donne la part belle aux peintres et devrait inclure prochainement photographes et sculpteurs. Deux expositions personnelles et deux expositions collectives en deux mois! Le fait est révélateur du dynamisme de la galerie et de son souci d'équilibre car artistes reconnus et amateurs sont sur les cimaises de Sophonisbe ce printemps. Travail de proximité et rayonnement culturel Le programme concocté par Mohsen Ben Abdallah comprend plusieurs autres rendez-vous. En premier lieu, il convient de mettre en exergue le travail de proximité réalisé par Sophonisbe. En effet, si le mois d'avril a été l'occasion d'accueillir les étudiants de l'Institut des hautes études commerciales venus y animer clubs et débats, le mois de juin sera quant à lui musical avec les performances et récitals des chanteurs des écoles des arts musicaux de Carthage. En ce sens, Sophonisbe effectue une remarquable tâche de proximité et n'hésite pas à s'ouvrir aux jeunes. En cela, le programme de cet espace devrait inspirer nos maisons de la culture qui ne parviennent pas à inscrire leur action sur le terrain de la proximité. A ce titre, il est nécessaire de souligner que Mohsen Ben Abdallah est un vieux routier de l'animation culturelle. Après avoir été longtemps pensionnaire de la Troupe de la Ville de Tunis, il a été pendant plus de deux décennies le directeur du Théâtre municipal et cultive d'ailleurs son jardin en animant des groupes de jeunes férus du quatrième art. Cette longue expérience rejaillit sur le programme de l'espace Sophonisbe qui est un savant dosage entre apport et apprentissage des jeunes et aussi présence et rayonnement de plusieurs ténors de notre vie culturelle. A ce titre, un cycle de rencontres est actuellement en cours ayant pour thème Carthage, son patrimoine et son histoire. Ces rencontres ont eu des sujets aussi divers que l'écrivain Térence que l'archéologie. Elles se poursuivent avec une conférence consacrée à la ville de Carthagène en Espagne, dans son rapport avec celle de Carthage la Tunisienne (le 14 mai) puis un second rendez-vous qui aura pour thème le portrait de la princesse Sophonisbe, un personnage à la fois historique et mythique (le 4 juin). Sur un autre plan, l'association des Anciens du Collège Sadiki se réunira ce 7 mai à l'espace Sophonisbe pour une conférence du professeur Khereddine Annabi qui traitera de l'héritage de Othman Kaak. D'autres activités sont au calendrier de l'espace culturel carthaginois qui vit un printemps artistique et poursuit une action entamée depuis plus d'une trentaine d'années. Bon vent à Mohsen Ben Abdallah et son équipe qui donnent une traduction sur le terrain à l'action culturelle à Carthage, tout en rayonnant sur l'ensemble de Tunis et de ses banlieues.