Le ministère de l'éducation a diffusé un rappel d'une décision ministérielle interdisant l'utilisation des téléphones portables en classe au moment où l'invasion de ces gadgets modernes a atteint le plus haut point. Généralisé même chez les plus petits, le « portable » est devenu un mal qui perturbe les cours et sème la déconcentration dans l'esprit des élèves. Si en France le téléphone mobile est devenu un dangereux instrument de diffusion de la violence au sein de l'école avec les agressions filmées, en Tunisie ce n'est encore qu'une source de trouble et de déstabilisation des élèves. Les prix très abordables des puces GSM et les offres alléchantes des opérateurs téléphoniques ont permis à des millions de personnes d'accéder à ce service. C'est tellement facile de s'offrir des lignes GSM que beaucoup de personnes en possèdent plusieurs. Les appareils restent assez chers mais les bons plans existent et on peut se débrouiller pour s'en procurer. Les adultes en ont deux, un pour chaque opérateur pour éviter les différences de tarification dictées par l'impitoyable concurrence. Les lycéens en sont accros et ne peuvent plus s'en séparer, les enfants réclament à leur tour un téléphone mobile et réussissent de plus en plus à convaincre leurs parents de son utilité. Les parents voient dans le GSM un lien infaillible avec l'enfant et un moyen de surveiller en permanence les faits et gestes des enfants. Aujourd'hui, la quasi-totalité des collégiens possèdent des téléphones mobiles et les enfants de l'école primaire ne sont pas en reste. Gâtés ou pas, les petits ont aussi leur propre téléphone. Le bon côté selon les parents, c'est d'avoir des nouvelles de leur enfant qu'ils ne voient pas de la journée et de lui permettre de rester en contact avec ses amis et partager ensemble les images et la musique. Mais les pouvoirs publics ne voient pas d'un très bon œil cette nouvelle tendance qui apporte sa part de tracas. Les professeurs et les instituteurs ont tout de suite vu que ce gadget intéressait les élèves beaucoup plus que le cours, et constituait l'objet du challenge et de la concurrence. Les professeurs surprennent les élèves en train de jouer au ou d'envoyer des SMS. Ils confisquent alors les téléphones jusqu'à la fin de la séance. Le règlement intérieur interdit l'usage des téléphones dans les classes mais cela n'empêche qu'un téléphone sonne de temps à autre diffusant la dernière chanson à la mode au beau milieu de la leçon n' en déplaise au professeur excédé par cette intrusion. La nouvelle génération de téléphones mobiles permet de s'échanger des vidéos et des images amusantes pas toujours innocentes surtout chez les lycéens. Grâce au magique Bluetooth , les vidéos circulent en un clin d'œil et les petits jeunes s'évertuent à trouver les scoops et les envoyer à tout le monde. La classe est le lieu idéal pour lancer un transfert collectif quitte à se faire confisquer le téléphone. Voilà la réalité de l'obsession qu'ont les jeunes pour leur gadget. Mais cela n'a rien de méchant même si aux yeux des éducateurs c'est totalement inadmissible de rompre le bon cheminement du cours. Ce n'est pas méchant en comparaison avec les effets du téléphone dans les lycées et collèges français avec l'apparition du « happy slapping » (littéralement joyeuse baffe) qui consiste à filmer des scènes de violences et de gaffes plus insolites les unes que les autres. Agression sur des professeurs, racket, vandalisme, bagarres violentes...les vidéos ont alerté les professeurs et les autorités publiques tellement elles sont choquantes. Une grande campagne a été lancée afin de lutter contre de fléau qui séduit la jeunesse délurée et on parle d'interdire les téléphones dans la cour de l'école. Dans les établissements scolaires tunisiens, bien que la violence soit présente, jusqu'à maintenant les téléphones ne servent pas d'instrument de diffusion de la violence. Rien que par l'irrespect qu'il représente quand il dérange , il n'est pas toléré dans les salles de classe. Comment les élèves voient cette restriction ? Certains acceptent et comprennent, d'autres n'y prêtent pas attention et n'hésitent pas à filmer le professeur en train de faire le cours. Ce n'est qu'une facette de l'introduction du téléphone mobile dans notre vie quotidienne et son influence sur notre mode de vie. Le langage SMS, cette langue hybride qui détruit les bases de la langue française et déforme encore plus la langue arabe, en est une autre. Et pas des moindres.