Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a dénoncé, mercredi 20 août 2025, la fermeture totale de l'Instance d'accès à l'information (INAI) par le pouvoir en place. Dans un communiqué intitulé « La suppression de l'Instance d'accès à l'information : une violation grave du droit à l'information et une consécration de la politique de l'opacité », le SNJT a fermement condamné cette décision ainsi que le transfert des employés de l'Instance à la présidence du gouvernement. Une décision qui met fin au rôle d'une instance indépendante et porte atteinte au droit constitutionnel d'accès à l'information. Le Syndicat a également rappelé la fermeture de l'Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc) et le gel de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), également sans justification légale. « Depuis plusieurs années, la presse tunisienne rencontre des obstacles continus pour accéder aux informations officielles, la plupart des structures publiques adoptant une politique d'opacité et échappant à toute transparence. L'Instance d'accès à l'information constituait l'un des outils essentiels qui permettaient de faire respecter la loi et fournissaient aux journalistes un soutien dans leur lutte quotidienne contre la bureaucratie et le secret. La paralysie actuelle de cette instance ne peut être interprétée que comme un choix délibéré des autorités visant à imposer une politique du fait accompli et à ramener le pays à une logique de médias de propagande et de désinformation », a ajouté le SNJT, soulignant que cette décision constitue un coup dur pour la liberté de presse, menaçant les journalistes d'investigation et l'indépendance des médias, avec le risque de transformer le journalisme en simple outil de communication et de propagande officielle.
Le communiqué est également revenu sur les répercussions de cette décision sur les prérogatives du pouvoir législatif, en se référant à la loi n°22/2016 qui confère à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) la compétence de nommer et de renouveler les membres de l'Instance. Selon le SNJT, cette décision prive les députés d'un outil essentiel de contrôle de l'exécutif. Le Syndicat a demandé aux autorités le rétablissement immédiat de l'Instance et le respect du droit d'accès à l'information. Il a également appelé l'ARP à accélérer l'élection des membres vacants, à renforcer le cadre légal de l'Instance et à mettre en place des sanctions contre les administrations et responsables qui entravent l'accès à l'information.
Enfin, le Syndicat tient les autorités pour responsables d'un processus qui pousse les médias tunisiens vers la désinformation et la décadence, et appelle les journalistes ainsi que toutes les parties prenantes à résister à ce tournant dangereux.