Le chef du gouvernement, Habib Essid, a déclaré, hier à la conférence périodique des gouverneurs, à la caserne de la garde nationale d'El Aouina, qu'il n'est pas satisfait de la marche de l'action régionale, ajoutant qu'il a constaté des insuffisances dans ce domaine qui ont des effets négatifs sur la position des citoyens envers l'Etat et le gouvernement et qui ont créé chez eux l'impression que l'Etat et le gouvernement ne font rien, ce qui a nui à la réputation du gouvernement. Le chef du gouvernement a réitéré son appel aux gouverneurs pour qu'ils privilégient l'action sur le terrain et consacrent les matinées aux visites d'inspection sur le terrain afin de prendre contact avec les citoyens, s'enquérir des problèmes régionaux et œuvrer à leur solution, ainsi que pour faire connaître les orientations et programmes du gouvernement. Il a souligné que le rendement du gouverneur sera évalué, à l'avenir, sur cette base, car les citoyens jugent l'Etat et le gouvernement d'après ce qu'ils voient dans leurs régions. Il a fait remarquer avoir enregistré des insuffisances plus particulièrement dans l'effort fait en matière de propreté et de protection de l'environnement, ainsi qu'au niveau de la réactivation des projets dont la réalisation est arrêtée, notant que d'après un audit effectué à ce propos dans trois gouvernorats seulement, il a été constaté que 1000 millions de dinars, ou un milliard de dinars de crédits alloués et transférés à ces trois gouvernorats n'ont pas été consommés. Les projets arrêtés sont importants et comportent, entre autres, l'aménagement d'une autoroute dans le gouvernorat de Médenine et l'acheminement du gaz naturel jusqu'au gouvernorat de Gafsa. Il a souligné que cette enquête sur les crédits non consommés et les projets entravés sera étendue aux différents gouvernorats. Cependant, les gouverneurs se plaignent de la centralisation et disent qu'ils n'ont pas le pouvoir de décision sans revenir, au préalable, aux autorités de tutelles ministérielles et à la présidence du gouvernement, en attendant la mise en œuvre des nouvelles orientations relatives à l'instauration de la décentralisation conformément aux dispositions de la nouvelle Constitution. La situation sociale Le chef du gouvernement s'est dit, aussi, insatisfait de la situation sociale, notant que le climat social est marqué par la multiplication des grèves, des actions de contestation et des revendications sociales. Il a estimé qu'il s'agit là d'une voie dangereuse à conséquences néfastes car elle ouvre la voie à l'anarchie, insistant sur l'attachement du gouvernement à l'application de la loi en ce qui concerne la retenue sur salaire des jours de grève. Mais, en réponse aux questions des journalistes, en marge des travaux de la conférence, sur l'opposition de l'Union générale tunisienne du travail à cette procédure de retenue, le chef du gouvernement a affirmé que les relations avec l'UGTT sont excellentes mais que ceci n'empêche pas l'existence de divergences de points de vue, signalant l'accord sur le règlement des questions d'ordre syndical, professionnel et celles relatives aux majorations salariales dans le cadre de négociations générales sur des engagements s'étendant sur deux ou trois ans afin de réaliser la stabilité sociale. Le chef du gouvernement a indiqué, en outre, qu'il présentera, la première semaine du mois de juin prochain, à l'Assemblée des représentants du peuple, les idées générales sur le contour du nouveau modèle de développement destiné à servir de base à l'élaboration des objectifs qualitatifs et quantitatifs du prochain plan quinquennal devant être proposés à la Conférence internationale des bailleurs de fonds au mois de novembre prochain, à Tunis.