Tôt dans la matinée d'hier, peu après 6h, un train de voyageurs en provenance de Gaâfour a percuté de plein fouet un camion de type semi-remorque au niveau d'un tronçon de route secondaire reliant Bouarada à El Fahs. Traversant le passage à niveau à très vive allure, le camion heurté a provoqué le déraillement de la partie avant du train et causé de nombreuses pertes humaines en plus d'énormes dégâts matériels. Le bilan, déjà bien lourd, n'a cessé de s'aggraver d'heure en heure. Dix-hui personnes sont décédées et 98 blessées dont plusieurs en état critique. Plusieurs voyageurs sont restés bloqués pendant un long moment avant de pouvoir être extirpés et secourus. Les images de l'accident sont terribles ! Une locomotive renversée, un wagon écrasé, un camion morcelé, des corps déchiquetés, de la ferraille éparpillée ci et là et des regards hagards, meurtris, dépassés par l'ampleur du drame. Un témoin oculaire a affirmé à quelques média que les unités de secours ne sont arrivées sur les lieux que près d'une heure après la collision. La plupart des blessés ont été répartis entre l'hôpital de Zaghouan et celui d'El Fahs. Des renforts ont été envoyés en provenance de Tunis et de Sousse. D'autres accidentés, dans un état plus critique, ont été transportés au CHU de Sahloul, au Centre de traumatologie et des grands brûlés à Ben Arous, à El Kassab ou encore à l'hôpital Charles Nicolle à Tunis. Contrairement au conducteur et au convoyeur du train, décédés des suites de l'accident, le chauffeur du camion s'en est sorti avec des contusions et s'est aussitôt livré aux forces de l'ordre. En signe de solidarité avec leurs collègues décédés, les conducteurs de trains ont décidé d'interrompre le trafic ferroviaire sur tout le territoire tunisien. Une décision prise à l'improviste qui a surpris les passagers et suscité leur colère. A la gare de Tunis, la foule était immense vers 11h et les citoyens, empêchés d'emprunter le train, criaient leur indignation bien que compatissant au malheur des accidentés d'El Fahs. Ouverture d'une enquête Suite à ce terrible accident, le ministre du Transport, Mahmoud Ben Romdhane s'est rendu sur les lieux du drame. Il a aussitôt décidé la mise en place d'une cellule de crise pour assurer le suivi des opérations ainsi que l'ouverture d'une enquête pour établir, avec précision, les causes de cette catastrophe ferroviaire. Le ministre a également reçu, vers midi, un coup de téléphone de Béji Caïed Essebsi, venu s'enquérir des détails de l'accident. Le Président a donné ses consignes pour que tous les ministères unissent leurs efforts dans le traitement de ce drame et prennent les dispositions nécessaires pour assister les blessés et les familles des victimes. De son côté, le Chef du gouvernement, accompagné du ministre de la Santé, s'est rendu au chevet de certains voyageurs blessés, admis à l'hôpital de Zaghouan avant de se rendre à celui d'El Fahs. La tension était alors palpable et des slogans hostiles ont été scandés par le corps médial et paramédical de l'établissement sanitaire. A noter également qu'aucune cellule psychologique n'a été créée et mise en place pour accompagner les accidentés et leurs proches et leur offrir un soutien psychologique. Le système de signalisation pointé du doigt Sorti indemne, le chauffeur du semi-remorque aurait avoué aux autorités avoir perdu le contrôle du poids lourd à cause d'une défaillance au niveau du système de freinage. Se trouvant dans l'impossibilité de dégager le véhicule de la voie ferrée, il aurait paniqué et sauté du camion peu avant la survenue de la collision. Un témoin oculaire aurait déclaré que le chauffeur n'avait pas marqué un temps d'arrêt au niveau du passage à niveau avant de le traverser. Pour sa part, le ministre du Transport a déclaré que les passages à niveau posent un vrai problème de sécurité puisque sur les 1150 existants, seuls 250 sont dotés d'une signalisation adéquate et d'une barrière et que 150 étaient équipés d'une signalisation lumineuse. Il a ajouté que l'accident d'hier était vraisemblablement dû à l'absence d'une barrière de sécurité. Conducteur de train à la SNCFT, Imed Mahjoub a pour sa part déclaré que les autorités avaient, à plusieurs reprises, été alertées du danger potentiel de la ligne 6 du réseau ferroviaire qui nécessitait entretien et rénovation, ajoutant qu'aucune réponse n'avait été reçue à ce jour. Pour sa part, la PDG de la SNCFT, Sabiha Derbal a assuré que le passage à niveau en question était équipé de signalétiques avant d'ajouter que ce croisement ne nécessite pas de feu de circulation ou de barrages puisque la route sur laquelle il se trouve n'est pas une route principale.