Hier, la mort a frappé de nouveau sur les rails de la Sncft. 18 passagers ont trouvé la mort et 98 ont été blessés lors d'un accident ferroviaire tragique. Un train venant de Gaâfour pour regagner la capitale a heurté de plein fouet un poids lourd en panne sur un passage à niveau près de la localité d'El Amayem, à El Fahs Une grave collision a eu lieu, hier, à 06h20, entre un train de passagers en direction de la capitale et un camion. Le tragique accident, survenu entre la localité de Bouarada et celle d'El Fahs, a fait selon un communiqué du ministère de la Santé, 18 morts et 98 blessés (chiffres pouvant changer aujourd'hui) parmi les passagers du train. Les causes de l'accident n'ont toujours pas été déterminées. Il semblerait que les deux conducteurs conduisaient à très grande vitesse, ce qui expliquerait le bilan lourd de cette collision qui vient rallonger la liste noire déjà longue des accidents de train qui ont eu lieu ces dernières années. Ce n'est pas la première fois qu'un accident de train survient sur cette ligne 6, reliant Tunis à El Kalaâ El Khasba. Outre l'état catastrophique des rames qui n'ont pas été remplacées par de nouvelles, cette partie du réseau ferroviaire national n'est pas suffisamment protégée par des barrières quasi-absentes au niveau des intersections, selon le conducteur, Imed Mahjoub, qui s'exprimait, hier, sur les ondes d'une radio locale. C'est à cause de l'absence de barrière de protection que le camion a pu traverser les rails quelques secondes avant le passage du train. Si ces barrières existaient l'accident n'aurait probablement pas eu lieu. La Protection civile est rapidement intervenue sur les lieux. 12 ambulances de la Protection civile, quatre camions incendie, deux camions de secours routier ainsi qu'une brigade spéciale de la Protection civile ont été dépêchés sur place, a signalé un responsable de la Protection civile. Les blessés ont été acheminés vers les hôpitaux d'El Fahs, de Bouarada, de Zaghouan, de Gaâfour et de Siliana. Les cas critiques ont été acheminés aux hôpitaux de Sahloul, Charles-Nicolle et à l'Institut Kassab et aussi vers le centre de traumatologie et des grans blessés de Ben Arous. Indemne, le chauffeur du camion s'est livré à la police. Avec ce nouvel accident de train, les dysfonctionnements et les faiblesses de l'ensemble du système ferroviaire en Tunisie refont surface: manque d'entretien des rames de train et du réseau ferroviaire qui n'a pas été réaménagé, problème de sécurité au niveau des trains et des passages à niveau, manque de formation et d'expérience des conducteurs de train qui ont été nouvellement recrutés et qui ne sont pas encadrés. Par ailleurs, l'épineux problème des congés au sein de la Société nationale des chemins de fer tunisiens n'a toujours pas été résolu: les conducteurs de train continuent, alors qu'ils sont fatigués, à assurer de nombreuses heures de service sans prendre de repos... Bref, tout est à revoir en matière de transport ferroviaire en Tunisie. Sur un autre plan, les conducteurs de train ont organisé un mouvement de protestation en arrêtant, sur l'ensemble du pays, le trafic ferroviaire durant deux heures. L'un des conducteurs participant au mouvement a dénoncé, dans une intervention sur radio Mosaïque, les mauvaises conditions de travail, la sourde oreille que les responsables de la Sncft opposent à leurs revendications, plus particulièrement en matière de modernisation des équipements. Le PDG de la Sncft a tout fait, de son côté, pour dégager la responsabilité de la société en soulignant notamment : «Le passage où la collision s'est produite comporte bien une plaque de Stop que le chauffeur du poids lourd n'a pas respectée. Il est vrai qu'il n'existe pas de barrière au passage à niveau, mais on ne peut installer des barrières dans tous les passages». Gharsalli, Ben Romdhane et Aïdi sur le terrain Et la catastrophe de prendre rapidement une dimension nationale puisque trois ministres ont accouru sur le terrain pour suivre les opérations de secours et essayer de déterminer les premières causes de l'accident. Dépêchés par le chef du gouvernement, Habib Essid, Najem Gharsalli (Intérieur), Mahmoud Ben Romdhane (Transport) et Saïdi Aïdi (Santé) se sont déplacés sur les lieux du drame. Leur présence et les explications qu'ils se sont efforcés de donner aux journalistes n'ont pas pour autant convaincu les citoyens qui ont investi le terrain ou ceux qui les écoutaient tout au long de la matinée d'hier. Plusieurs citoyens qui ont insisté pour faire entendre leurs voix sur les ondes de Mosaïque et Shems FM, en particulier, ont déploré la situation générale de la Sncft, l'état lamentable des trains, le peu d'attention accordé à ces passages devenus les passages de la mort. Et comme à l'accoutumée, certains de nos politiciens ont sauté sur l'occasion pour marquer des points et instrumentaliser le drame à leur manière. Ainsi, Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, présent sur les lieux de l'accident, a-t-il déclaré : «Je connais bien cette ligne pour l'avoir empruntée à plusieurs reprises dans mes déplacements. Je savais qu'un tel drame allait survenir un jour ou l'autre». Ridha Belhadj, le porte-parole de Hezb Ettahrir, s'est lui aussi invité à la messe pour assurer qu'il est «un habitué de ce train et que toutes les conditions étaient réunies pour que des citoyens innocents soient les victimes de la négligence et du laisser-aller des responsables des cheminots». Il est à signaler que certains militaires qui se trouvaient dans le train se sont blessés et ont été transportés à l'Hôpital militaire de Tunis.