Depuis plusieurs années, Hela Ben Saad a rendu au Centre national des arts de la marionnette (CNAM) ses lettres de noblesse. En consolidant le secteur des créations et en renforçant le travail d'animation, elle est, en effet, parvenue à donner plus de visibilité au centre installé sur l'avenue de la Liberté, dans les anciens locaux du cinéma Le Marivaux. Parmi les cycles culturels accueillis par le centre, une manifestation ramadanesque a vu le jour depuis trois ans. Il s'agit de "Ramadan en marionnettes" dont la troisième édition se déroule du 30 juin au 6 juillet. Avec sept soirées ouvertes aux enfants et aux adultes, ce mini-festival met à l'honneur aussi bien les créations produites par le centre que les œuvres des artistes tunisiens versés dans ce domaine. «Moi, Cendrillon», le conte revu à la tunisienne "Ramadan en marionnettes" s'est ouvert avec "Moi Cendrillon", une œuvre de Hafedh Mahfoudh, mise en scène par Hassen Sellami. Produite par le CNAM, cette pièce vaut également par le minutieux travail de création des marionnettes de Mohamed Amor Trabelsi et la performance des manipulateurs. En effet, ces spectacles de marionnettes sont aussi une occasion de découvrir le talent de nombreux artistes qui demeurent peu connus malgré leur haute technicité et leur dextérité. Ainsi, pour ce spectacle, ils étaient huit à confectionner marionnettes et décors et il convient aussi de saluer leur travail. En ce sens, le CNAM devrait multiplier les ateliers d'initiation qu'il offre aux enfants car cela revient à les plonger dans l'univers mystérieux de la création tout en leur donnant les capacités de créer eux-mêmes. Il existe en Tunisie de nombreux artistes qui ne demandent qu'à partager leur savoir, surtout au profit des enfants et des adolescents. Le spectacle "Moi Cendrillon" révèle d'abord le talent de Hafedh Mahfoudh, poète et romancier qui sait se mettre à la portée des plus jeunes. Dans cette adaptation du conte de Cendrillon, Mahfoudh instille une poésie bienvenue qui constitue une leçon de goût pour les plus jeunes. En effet, la langue pure mais simplifiée du spectacle est pour beaucoup dans son succès, tout comme le découpage dramatique qui tient en haleine les spectateurs. On suit les pas de Selma-Cendrillon à la recherche de son prince charmant dans un parcours parsemé d'embûches et figuré par de nombreuses marionnettes à la fois réalistes et oniriques. De fait, l'univers du conte est traduit sobrement mais sans évacuer la nécessaire dimension du rêve. Cette création 2015 du CNAM pourrait aisément trouver sa place dans les festivals car elle parle aux enfants tout en les distrayant. Entre marionnettes, théâtre et cinéma Les autres soirées du festival consacrent plusieurs artistes et plusieurs disciplines. En effet, le théâtre et le cinéma se partagent l'affiche alors que les compagnies participantes représentent aussi bien le CNAM que le Théâtre national tunisien ou des troupes privées. Signe d'ouverture, c'est avec le cinéaste Anis Lassoued que le rideau tombera sur ce festival du Ramadan ce lundi 6 juillet. Deux court-métrages de ce réalisateur seront ainsi projetés lundi 6 juillet. Il s'agit de "Un tas de sous" (2008) et "Chaussures de l'Aïd" (2013). Les projections seront suivies par un débat didactique ayant pour but d'initier les enfants. Le reste du programme permet de retrouver des œuvres récentes et des artistes de premier plan dans le domaine du spectacle pour enfants et adolescents. En ce sens, "Kalila et Demna", la nouvelle œuvre de Mokhtar Louzir figure en bonne place au programme et poursuivait le 1er juillet son cycle de représentations. Par ailleurs, Habiba Jendoubi et Faten Ben Hamouda participent également à ce programme ainsi que Mohsen Ladab et Sawssen Dhaouadi qui donnaient leur "Cité de l'éternité" le 2 juillet. Enfin, à tout seigneur tout honneur, deux créations du CNAM sont au programme. Il s'agit de "Rencontre" dans une scénographie de Lassaad Mahouachi et "Moi Cendrillon", spectacle d'ouverture qui a donné le ton pour ce Ramadan des enfants qui, malgré l'horaire tardif de 22h et vacances obligent, étaient nombreux à suivre cette manifestation.