Le mois de mars est riche en festivités culturelles, outre les fêtes du patrimoine, des arts plastiques, de la musique, le théâtre pour enfants occupe aussi sa place dans le paysage culturel. Le Centre national des arts de la marionnette organise la 13ème édition du Printemps des arts de la marionnette et du théâtre pour enfants. Les représentations théâtrales ont commencé le 15 mars pour s'achever le 27, et passeront à la même heure, 11 heures du matin. Outre les représentations, une exposition intitulée « La mémoire des marionnettes » décore les cimaises du hall du centre, en plus d'un atelier animé par Hassen Sallami. La programmation propose une palette de toutes les couleurs, des spectacles bien variés. Nous espérons que le public enfant profitera à son aise des pièces théâtrales sélectionnées pour lui. L'ouverture est assurée par la représentation « Je suis Cendrillon » produite par le centre national des arts de la marionnette, texte de Hafedh Mahfoudh et mise en scène de Hassen Sallemi. Parmi les pièces proposées, un titre mérite attention « contes pour enfants » de Houda Ben Amor. L'alliance entre le genre romanesque et le genre théâtral est important. Nous nous sommes adressés au metteur en scène qui nous a confié son approche théâtrale : « J'ai commencé dans un premier temps par un travail de documentation, j' ai collecté un ensemble de contes populaires tunisiens que j'ai réécrit à ma manière. J'ai créé le personnage de la fée qui maîtrise l'art de la narration et du conte. Elle est appelée par deux clowns qui devraient normalement raconter ces contes aux enfants, mais ils échouent et la fée les remplace. Alors la fée vient et transporte avec elle tout son univers au niveau du costume, de l'atmosphère féérique, de l'enchantement, afin d'accomplir la mission de la narration avec succès et de créer et d'installer l'imaginaire au truchement des mots. L'idée de travailler sur les contes était née à partir d'une expérience précédente destinée pour les adultes la pièce « Honna Honna » qui est basée sur les contes. J'ai remarqué que le public est enjoué par les contes, et beaucoup d'entre eux ramènent leurs enfants, alors j'ai eu l'idée de préparer une pièce pour enfants. Pourtant je ne suis pas spécialement conteuse, je le fais parce que je suis comédienne et j'ai eu une expérience qui a réussi. Les enfants aiment les contes et nous avons grandi avec les contes de nos grands-mères. Aujourd'hui, les grands-mères ne racontent plus des contes à leurs petits enfants, le conte est supplanté par les jeux et les vidéos. Donc je pense que l'expérience que j'ai proposée est une manière de sauvegarder l'oralité qui commence à disparaître, car si la transmission ne continue pas, on va perdre notre héritage culturel oral. Nos contes racontent notre identité, notre histoire, notre personnalité patrimoniale, il faut continuer à l'enrichir toujours davantage. Je remarque qu'il n'y a pas assez de festivals pour les contes et l'oralité, alors qu'au Maroc par exemple, il y a une multitude de festivals pour les contes, en France, en Suisse aussi, même si réalisés avec des approches modernes. Je trouve que c'est très important, car le conteur instaure l'imagination et amène le public au-delà du temps et de l'espace. Il pousse l'auditeur à dégager la visée pragmatique de chaque conte, le message que nous transmettent ses personnages et son canevas. » Le théâtre est évidemment une discipline importante dans la formation de l'enfant. Il a ses canons et sa propre esthétique. Ce n'est pas à la portée de tout le monde. La recherche doit être menée sérieusement et étudiée profondément. Pour cela, il devrait avoir des troupes théâtrales spécialisées et occuper une place considérable dans le paysage culturel tunisien.