Après avoir procédé à la signature d'un communiqué commun portant sur le lancement d'un nouveau round des négociations sociales dans le secteur public au titre des années 2015 et 2016 avec l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), le gouvernement semble vouloir faire machine arrière. Au cours de la dernière réunion de la commission bipartite 4+4» regroupant quatre dirigeants de la centrale syndicale et autant de représentants du gouvernement, ces derniers ont estimé que la situation actuelle des finances publiques et les perspectives de croissance économique sur l'ensemble de l'année en cours ne permettent pas l'octroi de majorations salariales aux fonctionnaires et aux employés des entreprises publiques. Les finances publiques devraient être en effet mises à mal par les retombées néfastes de la sanglante attaque terroriste ayant visé un hôtel situé à Sousse le 26 juin dernier. La gouvernement s'attend que cette attaque qui a fait 38 morts, en majorité des touristes britanniques, lui fasse perdre un quart de ses revenus touristiques annuels, soit plus d'un milliard de dinars. Le ministère du Tourisme a également annoncé une série de mesures de soutien à l'industrie touristique nationale qui auront un important impact sur le budget de l'Etat, dont la suppression de la taxe de sortie du territoire de 30 dinars (14 dollars) imposée l'an dernier aux étrangers non résidents, la prise en charge par l'Etat des cotisations des employés du secteur au titre des régimes de sécurité sociale et l'octroi d'une indemnité aux salariés mis en chômage technique. Au regard de l'impact négatif de l'attaque terroriste de Sousse, l'agence de notation financière Fitch Ratings avait annoncé, dans un communiqué publié le 1er juillet, la révision à la baisse ses prévisions de croissance pour la Tunisie en 2015, à 1,9%, contre une précédente estimation de 2,3% annoncée en mars dernier. Les négociateurs de l'UGTT ont, quant à eux, appelé le gouvernement à respecter ses engagements en accordant aux fonctionnaires et aux salariés des établissements publiques des augmentations conséquentes au titre des années 2015 et 2016, pour réduire la forte détérioration du pouvoir d'achat de cette catégorie socio-professionnelle. Une nouvelle réunion de la commission mixte gouvernement-UGTT prévue aujourd'hui devrait être décisive dans ce chapitre. A noter que le précédent round de négociations sociales dans le secteur public au titre de l'année 2014 avait abouti à la signature, le 1er mai dernier, d'un accord entre le gouvernement et l'UGTT sur des augmentations salariales au profit d'environ un million de fonctionnaires et de salariés des établissements publics. Ainsi, les fonctionnaires ont bénéficié d'une augmentation de 50 dinars par mois, tandis que les salariés des établissements publics nt vu leurs salaires majorés de 70 dinars. L'accord conclu s'applique depuis le mois de juin dernier avec un effet rétroactif courant à partir de janvier 2015. L'UGTT souhaite, par ailleurs, le lancement d'un nouveau round de négociations sociales dans le secteur privé, chose que l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) semble pour l'heure refuser. L'organisation patronale met en avant la conjoncture économique maussade, la multiplication des grèves dans la plupart des secteurs d'activité et la baisse de la productivité.