Jeune, la trentaine, exerçant à Lausanne, capitale des NTICs en Suisse, depuis 6 ans, Ali Chekir, a suivi des études couronnées de succès à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Très intéressé par la vie politique, culturelle et scientifique de son pays natal, il est disposé à fournir à ses compatriotes restés dans le pays, tout ce qui pourrait les aider à s'épanouir. Mordu d'activités sociales dans la société civile, un de ses rêves est de servir de pont entre les deux continents à travers TUNES, une jeune association aux ambitions bien grandes. Il livre aux lecteurs du « Temps » la quintessence de ses pensées et sa vision de la Tunisie de demain. Détails. Le Temps: Comment, jeune comme vous êtes, trouvez-vous la Tunisie en cet été 2015 ? Est-elle conforme à vos rêves du 14 janvier 2011 que vous aviez suivi depuis Lausanne ? Ali Chekir :C'est la Tunisie post-Révolution avec les libertés acquises, une effervescence de projets et d'initiatives, beaucoup d'opportunités, une jeunesse dynamique prête à saisir sa chance. Toutefois, la Tunisie n'est pas encore celle que nous avions rêvée, ni celle où toutes nos aspirations sont réalisées. Chose très normale pour un jeune pays en transition, non seulement démocratique, mais dans tous les domaines. Nous, les jeunes, en sommes conscients. Nous devons construire et réaliser ce rêve ensemble. Pour le moment, le mot clef est « bâtir un rêve commun », donc, mobilisateur de toutes les énergies et réalisable. Comment ? Dans tous les secteurs et tous les domaines, la Tunisie a besoin que l'on se mobilise pour elle, tous sans considération d'âge, de profession, de niveau de revenu et, encore, moins de niveau d'instruction. Chacun à sa place a quelque chose à donner au pays. Déjà de nombreuses initiatives ont vu le jour. En coordonnant nos actions et, en encourageant les jeunes à prendre plus d'initiatives, nous pouvons réaliser plus d'acquis. Il faut rêver ensemble, la Tunisie de demain. Déjà, avec des actions simples comme celles de partager notre expérience, notre connaissance, nous aurons une Tunisie unie et qualifiée, capable de faire face aux défis de demain. Les Tunisiens qu'ils soient au pays ou à l'étranger doivent coopérer et échanger. Ensemble, nous devons placer la Tunisie en tant que hub méditerranéen et africain. Un hub d'expertise. Les Tunisiens résidents à l'étranger (TRE) peuvent, à travers le transfert de connaissances des différents marchés internationaux, être un des moteurs de ce hub. Passons aux choses concrètes ! Vous et vos collègues, que pourriez-vous faire dans ce sens ? Après la Révolution, nous nous sommes très vite mobilisés pour la Tunisie. Nos premières initiatives étaient plus des réactions que d'actions. Instinctivement, nous avons commencé à collecter des ordinateurs au profit des écoles des zones défavorisées du pays... Et, nous avons pu collecter 130 unités. Avez-vous rencontré des obstacles pour réaliser cette première action ? Oui... Nous avons trouvé ou rencontré des difficultés pour concrétiser un tel projet. Et, aujourd'hui, nous commençons à peine à voir la situation se décanter. Qu'en avez-vous tiré comme leçons et est-ce que ces difficultés vous ont découragé ? Non, pas du tout. La persévérance fut notre mot d'ordre. Dans un deuxième temps, nous avons commencé à structurer notre action. Nous avons établi une vision claire en différentes phases. La première phase est celle de la sensibilisation à l'innovation en Tunisie. Nous voulons regrouper et inviter les Tunisiens en Suisse, ainsi que les Suisses amis de la Tunisie, pour qu'ils suivent de près ce qui se passe en Tunisie. Nous leur avons présenté les opportunités et des success-story à travers le séminaire intitulé « Tunnovation ». Nous avons reçu M. Taher Bayahi ou encore M. Mustapha Kamel Nabli, pour nous présenter le contexte économique tunisien. Aujourd'hui, nous avons pu faire nos premiers pas en Tunisie à travers le Web 4 Innovation. C'est un projet de transfert de connaissances entre la Suisse et la Tunisie. Le premier volet de cette action de formation s'est clôturé, mercredi dernier. Treize étudiants ont pu bénéficier de l'expérience de 6 formateurs venus de Suisse et du monde professionnel. Ce projet aboutira à une plate-forme qui mettra en relation ces étudiants avec le marché du travail suisse avec ses exigences et ses défis. Ce projet présente un premier pont concret entre la Suisse et la Tunisie. Que pensez-vous de la situation socio-économique du pays ? La Tunisie semble avoir de réels défis à relever que ce soit au niveau économique ou social. Il faut être conscient que nous sommes dans une étape de construction pour bâtir une économie sur une base solide. Là, il faut impliquer au maximum les jeunes. C'est une étape sensible. Et sur le plan politique, que faut-il faire pour impliquer davantage les jeunes et les femmes ? La Tunisie est, aujourd'hui, en panne d'opportunités pour ses jeunes. Beaucoup d'entre eux, n'ont plus d'espoir d'un meilleur avenir. Il faut sensibiliser ces jeunes et les responsabiliser. La Tunisie doit être capable de leur offrir la possibilité de rêver d'un meilleur avenir et leur donner les moyens d'y accéder. Il faut profiter de la force de création et d'innovation de cette jeunesse et lui offrir le soutien nécessaire dans la réalisation de son désir d'un avenir meilleur. La création et l'innovation doivent être le moteur de notre économie.