A l'occasion de la rentrée scolaire, l'Association « Un enfant, des sourires » a organisé, pour la cinquième année consécutive, son action en faveur d'écoliers de la campagne d'Aïn Draham. Intitulé « Magic'rentrée », cet événement a concerné trois écoles primaires rurales de la région : Zouitina, Jbal Dinar et Ouled Dhifallah. Samedi matin, peu après six heures, les membres de l'Association « Un enfant, des sourires » ont pris le chemin d'Aïn Draham en bus. Un itinéraire qu'ils connaissent désormais par cœur. Cela fait cinq ans qu'ils se rendent dans ces villages éloignés de tout et de tous, situés en bordure de la frontière tuniso-algérienne. Sur la route, de la verdure à perte de vue et des paysages à couper le souffle. Des monts, des montagnes, des lacs, des forêts, des barrages mais aussi des taudis, du bétail maigre, des pistes impraticables, quelques pieds nus et des regards hagards. Dans cette région reculée du nord-ouest, la nature est aussi belle que la misère désolante. Pour s'y rendre, il faut parcourir plusieurs .... kilomètres, dépasser le centre-ville d'Aïn Draham, arriver jusqu'à Hammam Bourguiba puis bifurquer à droite en direction de ces villages disséminés par-ci et par-là dans cette campagne abandonnée. Bizarrement mais aussi heureusement, chaque village a son école même si certains élèves parcourent parfois jusqu'à cinq kilomètres à pied pour s'y rendre. Si certains établissement scolaires ont bénéficié d'une aide associative ou ministérielle pour être rénovés en totalité ou en partie, la plupart se trouvent malheureusement dans un tel étal d'insalubrité et de détérioration avancée et représentent une menace pour la sécurité des enfants et du personnel enseignant et administratif. Au petit bonheur des enfants Au cours de leur action « Magic'rentrée », la trentaine de membres de l'Association « Un enfant, des sourires » se sont rendus dans trois écoles primaires. D'abord celle de Jbal Dinar puis celle d'Ouled Dhifallah et enfin celle de Zouitina. En tout, plus de 320 élèves ont bénéficié de cette action co-financée par les entreprises « Focus » et « Bic ». En découvrant leurs fournitures scolaires ainsi que leurs cartables, manuels scolaires, cahiers et tabliers neufs, les enfants étaient aux anges. Sourire malicieux et yeux pétillants, ils ont promis aux membres de l'Association qu'ils allaient bien étudier cette année encore et avoir de bons résultats. Pour Ines Rajhi, vice-présidente de l'association, « rien ne vaut le sourire de ces enfants privés des conditions basiques d'une vie décente. » Elle ajoute : « Leur joie nous réchauffent le cœur. Même si la préparation de chaque action nécessite un travail colossal, entre la collecte de fonds, le choix des fournisseurs, l'achat et le tri des dons par classes et écoles, la coordination avec les autorités pour sécuriser le convoi et bien d'autres détails logistiques, toute la fatigue et les stress disparaissent lorsque nous rencontrons les enfants. Nous avons toujours dit que nous leur offrons des choses que l'argent peut acheter et qu'ils nous offrent en retour des émotions que tout l'argent du monde ne peut acheter.» Non à la déscolarisation des enfants Les élèves de ces trois écoles ont certes été ravis de recevoir des manuels et fournitures scolaires en cette rentrée mais tous savent, dès leur plus jeune âge, que leur scolarité est conditionnée et qu'elle dépend de plusieurs facteurs, dont la météo puisque quand il pleut et que les points d'eaux débordent, plus moyen de se rendre à l'école. Leur avenir dépend aussi du bon vouloir de leurs parents. Faute de moyens, d'instruction et de perspectives, nombreux sont les pères et les mères qui retirent leurs enfants et plus particulièrement les filles de l'école assez rapidement, parfois même dès les premières classes du primaire. Les filles sont généralement envoyées dans une des grandes villes pour y travailler comme aides ménagères. A la fin du mois, leur salaire est envoyé chaque fin du mois à son père et la jeune fille ne touche aucun millime en contre partie des travaux de ménage, souvent exténuants et parfois même avilissants, qu'elle accomplit. Une campagne de sensibilisation, intitulée «Non à la serpillère et au seau», a été lancée dernièrement sur le web pour dénoncer les personnes qui acceptent de faire travailler des mineurs en tant qu'aides ménagères ou nounous. Bien qu'illégale, cette pratique reste très courante en Tunisie et représente une vraie menace pour l'avenir de milliers de jeunes filles qui travaillent généralement sans contrat ni sécurité sociale, en plus d'être privées d'un de leurs droits les plus élémentaires, celui de l'enseignement.