Nouvel épisode dans le bras de fer qui oppose depuis environ plus d'une semaine l'Union gnérale tunisienne du travail (UGTT) à l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA) : le groupement du secteur privé relevant de la centrale syndicale a brandi, hier, la menace d'organiser une série de mouvements de protestation pouvant aller jusqu'à la grève générale, au cas où le patronat continue à bloquer les négociations sociales et refuse d'accorder des augmentations salariales aux employés des entreprises privées. «Nous avons décidé de retourner à la table des négociations au siège du ministère des Affaires sociales dans l'espoir de conclure un accord sur les augmentations salariales dans le secteur privé avec l'UTICA, mais nous sommes aussi prêts à entamer une vague de protestations aussi bien dans les régions qu'à l'échelle nationale, qui pourrait être clôturée par une grève générale touchant toutes les entreprises privées du pays», a lancé le secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé du secteur privé, Belgacem Ayari. Dans un communiqué publié, hier, à l'issue d'une réunion tenue en présence du secrétaire général de l'UGTT, le groupement du secteur privé a estimé que les quelque 2 millions d'employés du secteur privé ont le droit à des majorations salariales conséquentes au regard de la détérioration de leur pouvoir d'achat, tout en dénonçant l'attitude «irresponsable» de l'organisation patronale et une «campagne de dénigrement» visant ses dirigeants. «Le communiqué publié par la commission des affaires sociales rattachée à l'UTICA représente une campagne de dénigrement gratuite contre le secrétaire général adjoint chargé du secteur privé Belgacem Ayari, lequel n'a fait qu'exprimer la position officielle de l'UGTT, et une manœuvre visant à renier le droit des salariés du secteur privé de bénéficier de majorations salariales», a précisé le groupement du secteur privé dans son communiqué, déplorant une «fuite en avant» de la part des patrons visant à «créer une situation sociale tendue». Dans un communiqué publié samedi dernier, la commission des affaires sociales au sein de l'UTICA avait exprimé son mécontentement quant aux accusations «irresponsables» lancées par Belgacem Ayar qui «s'est injustement acharné sur l'UTICA l'accusant de bloquer les négociations salariales du secteur privé» et qui a «menacé d'organiser grève générale sans précèdent dans le secteur privé». L'UTICA a qualifié ce genre de déclarations de «dangereuses» et «irresponsables», estimant que ces propos «visent à envenimer la relation entre l'UGTT et la centrale patronale et à semer la discorde dans le pays». L'organisation patronale a aussi noté avoir fait des propositions «sérieuses» et «réalistes» lors des négociations avec l'UGTT, précisant avoir notamment demandé de prendre en considération le taux d'inflation ainsi que la croissance économique et de la productivité pour déterminer le montant des augmentations salariales dans le secteur privé. Le secrétaire général de l'UGTT chargé du secteur privé avait accusé, le 22 septembre, l'UTICA de chercher à saper un accord sur les augmentations salariales et de bloquer les négociations, allant jusqu'à brandir la menace d'une grève générale dans le secteur privé en cas de non signature de l'accord-cadre sur les augmentations salariales. Les tensions qui caractérisent les relations entre la centrale syndicale et la principale organisation patronale ne semblent pas près de retomber vu que les chefs d'entreprises dénoncent depuis plusieurs années une baisse notable de la productivité qui se répercute négativement sur les performances des entreprises et pointent du doigt une situation économique très difficile comme en atteste le taux de croissance économique projeté pour 2015, en l'occurrence moins de 1%.