L'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a décidé, hier, de boycotter la séance de dialogue initialement prévue aujourd'hui avec l'Union Tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA) sur les majorations salariales dans le secteur privé. D'après le secrétaire adjoint de l'UGTT Samir Cheffi, cette décision prise par le Bureau exécutif et le groupement du secteur privé est motivé par les propos « méprisants» et «hautains » tenu par la présidente de l'UTICA, Wided Bouchamaoui. S'exprimant sur le plateau de la chaîne privée Nessma TV, la patronne des patrons a déclaré que «les grèves ne lui faisaient pas peur», indiquant que son organisation «n'accepte pas les menaces et ne ferme pas la porte du dialogue». En minimisant la portée des grèves, arme le plus puissante des syndicats, Mme Bouchamaoui a ainsi mis les pieds dans le plat et heurté la sensibilité de ses partenaires dans le cadre du nouveau round de négociations sociales dans le secteur privé. Conséquence: la principale organisation syndicale ne s'est pas contentée de boycotter la séance du dialogue prévue aujourd'hui. Elle a en effet déjà décide d'organiser une grève régionale à Sfax le jeudi 19 novembre 2015 et de préparer d'autres grèves régionales dans les jours à venir. Les dates précises et les procédures ces grèves régionales devraient être déterminées lors d'une réunion du Bureau exécutif de l'UGTT prévue demain. Autre signe qui ne trompe pas sur le fossé qui sépare désormais les deux organisations membres du Quartet récompensées début octobre dernier par le prix Nobel de la Paix pour son rôle crucial dans la transition démocratique : le numéro deux de la centrale syndicale, Noureddine Tabboubi, a évoqué, dans sa réponse aux propos tenus par la présidente de l'UTICA sur Nesma TV, la perspective d'une «révolution de ventres creux», qui serait initiée par les salariés du secteur privé. L'UTICA n'a pas manqué de réagir aux décisions prises par l'organisation ouvrière. Dans un communiqué publié hier, l'organisation patronale a dénonce une «polémique montée de toutes pièces et visant à permettre à l'UGTT d'imposer ses conditions lors de ce nouveau round de dialogue social». «La présidente de notre organisation n'a jamais tenu un discours dédaigneux et méprisant comme le laissent croire certaines langues. Au contraire ses déclarations ont toujours reflété son respect des partenaires sociaux et son attachement au dialogue sérieux et responsable», souligne le communiqué, notant que la situation actuelle du pays ne tolère en aucun cas davantage de tensions sociales.