Ce qui s'est passé devant les vestiaires de l'E.S.Zarzis, à la fin du match perdu face à E.G.S. Gafsa, n'honore guère l'équipe. En effet, des membres du bureau directeur ont été victimes d'agressions verbales et même physiques de la part de quelques supporters furieux ayant réussi (mais qui pouvait les en empêcher ?) à accéder par la porte principale. La situation était sur le point de dégénérer en bagarres rangées entre ces fans et des joueurs, n'eut été l'intervention de deux membres influents du comité. Ce fut le moins que l'on puisse dire indigne du club. Ce désordre dans la gestion des affaires du club, qui s'est mué en anarchie lors des semaines passées, fait penser à une année noire dans l'histoire de l'équipe, la saison 2002-2003 à la fin de laquelle elle avait rétrogradé en Nationale B, l'équivalent de la Ligue professionnelle 2 actuelle.
Les raisons d'une crise La crise qui secoue l'équipe sang et or du sud connaît des origines multiples et, justement, dans l'ensemble, elles sont similaires à celles de 2002-2003. - Un bureau composé de membres influents inexpérimentés, mais qui se font passer pour des experts en la matière, et qui ont cru, une fois aux commandes, avoir à gérer une propriété privée où tout dépendait de la seule personne du patron, de son humeur ou de ses proches collaborateurs. Le président Friaâ a eu le tort de vouloir contenter tout le monde croyant pouvoir gagner et la sympathie et l'estime de tous, détracteurs compris, et ce au prix d'étroits calculs, faisant le pari de réussir là où les autres avaient échoué. Seulement, il avait peut-être oublié qu'un responsable ne peut satisfaire tout le monde. Un président compétent, un responsable fort, doit taper sur la table quand il le faut, prendre des décisions et les assumer. - Un recrutement de joueurs fait sans aucun rapport avec les véritables besoins de l'équipe, à la hâte, sans concertation avec le staff technique. Certains éléments avaient signé avant même le début de la préparation et l'accord de l'entraîneur. Sans oublier le nombre important, une quinzaine de joueurs venus de toute part et dont Ridha Friaâ s'était félicité de leur engagement, ne pourrait en aucune manière assurer la réussite escomptée pour l'équipe. Beaucoup d'ex-responsables et joueurs fort respectés dans la ville avaient prédit cet échec : « il ne suffit pas d'entasser un grand nombre de joueurs, surtout s'ils sont de qualité juste moyenne ou médiocre, pour prétendre former un ensemble solide. Et puis, qu'on le veuille ou non, du moins à l'heure actuelle, notre club ne peut rivaliser avec les quatre ou cinq grands du pays. Nous manquons de moyens financiers et nous sommes condamnés à faire confiance à nos joueurs issus des catégories des jeunes », souligne un ex-accompagnateur de l'équipe fanion fort respecté. - Une stratégie, si on peut l'appeler ainsi, erronée donnant une trop grande manœuvre à ce qu'on appelle la commission des supporters. Ce comité, ou commission, qui serait à l'origine de « la clochardisation » de notre sport-roi. A Zarzis, la plupart des fans ne se reconnaissent pas dans cette minorité qui est respectée plus qu'il n'en faut au sein du bureau directeur. Il est franchement temps de revoir les prérogatives de ce comité ou tout simplement le supprimer. Il y va de l'avenir de la gestion saine de notre football et de son amélioration. Que toutes les instances ayant un rapport direct ou indirect prennent leur responsabilité et agissent.
Des décisions radicales dans l'air Heureusement que le championnat ne fait que commencer, même si la situation est critique. Le président, sous la pression, a fini par revoir ses convictions en remplaçant l'entraîneur Chargui, comme c'était toujours le cas au moindre malaise, c'est le coach qui en fait les frais. Le chevronné Mokhtar Tlili, qui prit le relais, annonça la couleur dès son premier match sur le banc des Zarzissiens en estimant que des changements urgents doivent être opérés. « Il ne faut perdre du temps, alerta-t-il après la défaite face à Gafsa, des rectifications s'imposent parmi l'effectif et au sein du bureau ». Un appel qui n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd puisque Ridha Friaâ fit immédiatement appel à un dirigeant très populaire, en la personne de Samir Abichou, et lui confia l'équipe fanion. Abichou aura, croyons nous savoir, carte blanche et pourra prendre toutes les décisions qu'il jugera utiles. Déjà, lors d'une réunion non officielle, les membres présents auraient pris quelques décisions qui nous ne tarderons pas à être dévoilées. En tout cas, ce qui paraît certain c'est que des têtes tomberont, des salaires seront revus à la baisse et des contrats seront résiliés. L'essentiel maintenant est que les responsables se soient résignés et aient reconnu qu'ils avaient commis des erreurs dans la gestion des affaires de leur club et en assument l'entière responsabilité. Le championnat est encore long et l'ESZ, comme les années passées, réussira à coup sûr à dépasser ses difficultés. Dans les moments difficiles, les supporters et les ex-dirigeants avaient toujours accouru à son chevet pour la soulager.