A l'occasion des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC), « Much Loved », le film de Nabil Ayouch qui a suscité une grande polémique au Maroc, fait l'exception en Tunisie. Les cinéphiles tunisiens ont fait la queue devant la salle du cinéma Le Colisée pour voir le film plusieurs fois primé à l'étranger et étrangement boudé dans son propre pays. Faisant fi de toutes les circonstances qui exigent une certaine prudence, et après quelques jours de l'attentat terroriste, les spectateurs ont été là, nombreux pour aller voir le film marocain « Much Loved » qui a été censuré au Maroc son pays natal. Environ 1600 spectateurs se sont bousculés à Tunis pour ne pas rater cette projection. Ce film montre sans fard le quotidien de quatre prostituées de Marrakech. Le cinéaste a déjà indiqué qu'il faut briser les tabous tout en mettant l'appui sur les phénomènes existants. Applaudi au Festival de Cannes en mai dernier, où « Much Loved » avait été sélectionné à juste titre par la quinzaine des réalisateurs. Faisant carton plein au dernier Festival du Film francophone d'Angoulême en remportant le Valois d'or, et le prix d'interprétation pour l'artite Loubna Abidar, qui a été menacée et rejetée par sa famille au Maroc l'amenant ainsi à demander l'asile en France. Ce film a été vite fait l'objet d'une violente campagne sur Internet au Maroc puis interdit de sortie par le ministère de la Culture. « Much Loved » a suscité plusieurs réactions négatives que ce soit de la part du ministère de la Culture marocain aussi bien que du public marocain en tant que récepteur. Tout en sachant que le tournage avait pourtant été validé par le ministère de la Culture marocain mais il est censuré au Royaume. Une campagne de dénigrement mêlée d'un sentiment de haine s'est déroulée au Maroc contre le réalisateur et les acteurs du film. Virulentes attaques contre l'équipe du film sur les réseaux sociaux et lors d'un sit-in, « Much Loved » a été vivement pris à partie par l'opinion, tandis que le gouvernement islamiste décidait d'interdire préventivement sa diffusion, toutefois, « un outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine ». Prétextant, les Tunisiens ont réservé un bel accueil, la salle du Colisée était pleine à craquer, sans aucune réticence, les cinéphiles ont découvert le film sans le moindre sentiment de crainte ou d'hésitation.