Dans le cadre des nouvelles orientations en matière de décentralisation et en cohérence avec les dispositions du chapitre 7 de la Constitution tunisienne de 2014 et plus précisément avec l'article 139, les communes du Cap Bon se sont engagées pour l'année 2015 dans une expérience de budgétisation participative pour inclure les projets choisis par les citoyens dans le projet du budget de 2016. Cette démocratie participative s'est développée de façon considérable depuis une quinzaine d'années en Europe, dans les démocraties occidentales et les pays du Sud, à tel point qu'elle est aujourd'hui considérée comme un nouveau mode de régulation politique, voire comme le nouvel esprit de la démocratie. Au cours du plan quinquennal de développement 2016-2020, les municipalités sont appelées à allouer 10% de leur budget au développement, à travers l'organisation d'actions participatives qui engagent, à la fois, la société civile et les collectivités locales. « C'est un processus au cours duquel les habitants d'une ville vont décider d'une partie ou de l'ensemble des ressources de la municipalité », explique Mohamed Habib Saoudi, le délégué de Grombalia, chargé de la délégation spéciale de la ville lors de la réunion avec les citoyens de la ville. « Le budget participatif est défini souvent comme un processus de démocratie directe à travers lequel les citoyens décident de manière souveraine et indépendante, avec l'accord de la commune, sur une partie du budget et des dépenses de leur commune. Notre conseil municipal a décidé de développer la participation citoyenne dans le processus de prise de décision de manière réelle et tangible. Il est clair que ce budget participatif représente un mécanisme concret pour mettre notre commune sur la voie de la bonne gouvernance locale» dit-il. Le budget participatif est ainsi apparu aux yeux de certains comme un moyen d'approfondir la démocratie, l'inclusion d'acteurs traditionnellement exclus permettant de promouvoir des politiques publiques innovantes et plus justes. L'instauration d'un budget participatif se traduit en général par la création d'assemblées à l'échelle du quartier, de l'arrondissement ou de la ville dans son ensemble, ouvertes à tous les habitants, au sein desquelles des citoyens participent à l'élaboration de projets qui sont ensuite intégrés au budget municipal ou régional. « Cette mesure innovante permet au citoyen de prendre part aux affaires de la cité. Elle permet de donner les clés du budget aux citoyens », souligne Samia, une jeune cadre. « L'objectif, ajoute-t-elle, est de créer de nouvelles relations entre municipalités et citoyens, reconstruire le lien social inventer une nouvelle culture démocratique mais faut-il examiner les modalités pratiques de l'application de cette approche, particulièrement en ce qui concerne le découpage territorial et les actions participatives menées conjointement par l'administration et la société civile »« Le budget participatif favorise l'exercice d'une citoyenneté active, véritable force de proposition. Ainsi, le processus du budget participatif est un espace de formation et d'élaboration d'une éducation civique, un espace collectif où les individus s'approprient du savoir jusqu'à présent réservé, où ils n'attendent plus passivement que les gouvernants décident de l'attention à donner aux diverses demandes et où ils ne se soumettent plus aux pressions des fonctionnaires ou leurs intermédiaires. « Ce qui attire les gens aux assemblées du budget participatif, c'est la possibilité de discuter de leur rue, la place de leur quartier. Grâce à cet instrument de démocratie directe, le citoyen obtient le moyen d'exercer la plénitude de sa citoyenneté, et pas seulement son devoir d'électeur une fois tous les quatre ans puisqu'il acquiert le droit d'exercer sa citoyenneté pendant toute la durée du mandat » affirme Ahemd Bettaieb, président du syndicat d'initiative de Nabeul. Bref, ce budget participatif est une petite révolution pour notre démocratie locale et elle commence, aujourd'hui, dans nos villes. Chacun a des idées pour aménager son quartier, embellir sa rue, améliorer les déplacements. Ainsi, il est temps de nous 'appuyer sur cette créativité citoyenne pour rendre nos villes meilleure