Un sentiment de déception frappe une frange de la population tunisienne, depuis que le groupe des députés démissionnaires a laissé certains de ses membres déclarer, hier matin, qu'il n'est pas concerné par les décisions prises par les 140 membres du bureau exécutif, réunis en conclave, dimanche dernier pour étudier la Feuille de route formée par le président Béji Caïd Essebsi dont l'objectif est de trouver une solution à la crise frappant le parti. La discorde a trop duré dans ce parti, pourtant vainqueur des élections. L'intronisation de BCE à Carthage, a laissé un goût d'inachevé chez nombreux militants du parti. Chaque fin de semaine apporte son lot de « ruptures » annoncées et non forcément assumées. Les débats de la réunion étaient d'une grande hauteur. Et la masse silencieuse qui doutait a reçu comme une douche froide la déclaration de Taïeb Baccouche accusant Marzouk d'avoir procédé à « des actes non patriotiques, en dissuadant, à deux reprises des Etats amis signataires d'accords de coopération ». Quant aux démissionnaires, BCE a été clair. Ils sont libres de partir. Lui ne retient personne. C'est une doctrine chez lui. Reste le cas de Faouzi Elloumi. Son groupe a boudé la réunion de dimanche. Homme d'affaires et légaliste, il voulait monter les enchères, pour négocier la contre partie de son retour. La politique a ses vérités que le commun des mortels ne peut comprendre rapidement. Ce n'est pas un homme d'affaires aussi clean soit-il, et qui, par-dessus tout, continue à bouder les grandes messes du parti, comme celle de dimanche, qui pourra entrainer la grande majorité des militants et représentants des structures régionales. Un regard rapide sur les péripéties de la méga-rencontre de dimanche, permet de comprendre les limites en termes de poids et de rayonnement, de beaucoup de champions des plateaux de télévision. Ces éternels amateurs des apparitions médiatiques, jouaient leur dernières cartes en faisant semblant de ne pas avoir vu l'intervention de BCE à Al-Arabya, où il a accablé ces égocentriques lesquels, durant une année, n'ont rien formulé comme proposition pour la résolution des problèmes du pays. Leur obsession pour le pouvoir et les avantages matériels les a aveuglés. Le congrès de 10 janvier aura lieu à Monastir. Et, comme toujours, les absents auront tort. Les stratèges des courants séparatistes, auront, d'ici là le temps de digérer l'avenir de Marzouk, pour ne pas connaître le même sort. Le peuple ne suivra que les grandes forces et jamais les boudeurs. Globalement, les indécis ont bien choisi leur camp. Et, c'est là que les Elloumi et consorts ont le plus perdu. La main qui leur est restée tendue dans le communiqué final, sera-t-elle acceptée? Sauront-ils faire un pas en arrière, pour espérer en faire deux la prochaine fois. Ils peuvent rester dans l'antichambre en restant à Nida sans participer au congrès où ils sont minoritaires. Dans les grands moments de l'histoire, ne pas choisir, c'est choisir. Rester au sein de Nida sans être dans les débats lors des congrès, pourrait être très coûteux. La roue des évènements et de l'actualité nationale ne s'arrête pas. Partir, pour Elloumi, qui a tant investi dans le parti, serait une reconnaissance d'échec tactique, difficile à accepter par un chef d'entreprise devenu politicien à un âge relativement avancé. Tout est dans la mesure de la distance qu'il prendra pour ne pas se faire oublier à tout jamais. Il suffit aux organisateurs du congrès du 10 janvier, de mettre en scelle de nouveaux visages de la génération du président de la commission, pour que la page des hésitants et des professionnels des plateaux, soit définitivement tournée, pour donner un nouveau visage au seul parti de masse qui avait réussi, à déloger les partisans l'Islam politique des premières loges et redonner espoir aux déçus de Nida.