Une année après son avènement au pouvoir, Nidaa Tounes se retrouve au bord de l'implosion. Après de longs mois de querelles, et à quelques jours de ses deux congrès – qui seront tenus aux mêmes dates par les deux camps – le bloc parlementaire de Nidaa Tounes se retrouve avec seize députés en moins (les douze qui ont démissionné hier et les quatre qui ont démissionné la semaine dernière). Selon le règlement intérieur de l'Assemblée des représentants du peuple, la démission prend effet cinq jours après sa déposition au bureau de l'ARP. Selon les premières informations, les députés démissionnaires comptent former un bloc indépendant soutenant le gouvernement d'Habib Essid. Réagissant à ces démissions, le président du bloc parlementaire de Nidaa Tounes, Mohamed Fadhel Ben Omrane, a adressé une lettre au président du Parlement, Mohamed Ennaceur, où il lui demande de mettre fin au ‘tourisme parlementaire'. Selon Ben Omrane, tous ceux qui ne se reconnaissent plus au sein de leur bloc doivent démissionner du Parlement et non pas du bloc en question. Pour lui, ce genre de comportement influe négativement l'équilibre des forces au sein de l'ARP, un équilibre décidé par le peuple. Bien qu'il soit avocat, Mohamed Fadhel Ben Omrane semble oublier qu'il n'existe pas de clause qui interdit de démissionner d'un bloc ou d'en rejoindre un autre – sachant qu'il existe plusieurs députés indépendants au sein du Parlement. D'ailleurs, Nidaa Tounes a été fondé en 2012 et a réussi à créer un bloc au sein de l'Assemblée nationale constituante et cela n'avait dérangé personne. Au lendemain de l'annonce de Mohsen Marzouk – qui est passée inaperçue vu que le remaniement a été annoncé le jour même – les tensions montent d'un cran entre les deux camps de Nidaa Tounes. Le clan de Hafedh Caïd Essebsi cherche par tous les moyens à faire réussir son congrès qui sera tenu les 9 et 10 janvier dans la ville de Sousse. Selon nos sources au palais de Carthage, le président de la République rehaussera par sa présence le congrès. Plusieurs autres figures politiques seront présentes au meeting. A l'issue du congrès, vingt et une personnes seront désignées pour prendre les commandes du mouvement jusqu'à la date de son congrès électif prévu pour le mois de juillet. De l'autre côté, Mohsen Marzouk devrait rassembler les commissions qu'il a créées lors du dernier meeting qu'il tenu dans la ville de Hammamet pour commencer à préparer sa nouvelle formation politique qui sera annoncée le 2 mars prochain. Cependant, les choses ne sont pas aussi simples qu'elles apparaissent puisqu'il existe une troisième tendance au sein du mouvement: les députés qui hésitent toujours à démissionner– à l'instar de Bochra Bel Hadj Hmida ou encore Sabrine Goubantini et Faouzi Elloumi qui ne penche pour aucun des deux camps. Les noms désignés récemment à la tête de quelques ministères – Khaled Chaouket ou encore Youssef Chahed – ont accentué les tensions puisqu'ils sont considérés par le camp Marzouk comme étant des fidèles au camp Hafedh Caïd Essebsi. La fin de cette semaine sera décisive pour Nidaa Tounes mais cela n'aura rien à voir avec son union car Nidaa est, d'ores et déjà, divisé.