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Chronique d'un vacillement
Publié dans Le Temps le 31 - 01 - 2016

La nouvelle création du Théâtre national tunisien poursuit son aventure sur les planches. Un cycle de représentations se déroule actuellement au Quatrième Art jusqu'a dimanche 31 janvier. "Bis..." de Sonia Zarg Ayouna sera ensuite de retour du 19 au 21 février.
L'univers théâtral de Sonia Zarg Ayouna est une plongée perpétuelle dans un entre-deux flou et fuyant, en quête de points d'appui qui, souvent, toujours, se dérobent.
Tels des funambules, les personnages semblent avancer sur des fils tendus, avec les poids de leurs mensonges, leurs peurs et leurs hésitations qui leur matraquent les reins, les tirent vers le vide, les entraînent dans de mystérieuses spirales dont on ne sort jamais intact.
Les quatre personnages de "Bis..." sont dans ce cas, un peu hébétés, éberlués mais lucides, fatalistes mais révoltés comme l'homme de Camus ou les stances de Chebbi.
Une œuvre collective et l'empreinte de Sonia Zarg Ayouna
Cette nouvelle œuvre du Théâtre national tunisien (TNT) est produite avec le concours des ressortissants du Jeune Théâtre national (JTN).
Si Sonia Zarg Ayouna en est le metteur en scène, avec Mouna Belhaj Zekri comme assistante, il s'agit toutefois d'un processus de création qui a impliqué - à statut égal - les cinq jeunes du JTN et l'artiste Sonia Zarg Ayouna.
Au départ, un texte et le travail sur ce texte qu'il fallait traduire, pétrir, habiter, transcender. Avec Wissal Labidi, Toumadher Zrelli, Bassem Aloui et Abderrahim Bahrini, ce travail de traduction/écriture a débouché sur une œuvre virginale, profondément tunisienne mais insécablement marquée du sceau du texte initial.
En cela, il convient de souligner l'apport de Sonia Zarg Ayouna. Dans le théâtre tunisien contemporain, elle a toujours été la médiatrice d'œuvres ardues appartenant à la haute tradition française ou anglo-saxonne. Elle a toujours non pas adapté mais traduit ces œuvres, les ré-informant au sens littéral du terme et leur donnant ainsi un nouveau destin.
Productrice de sens, Zarg Ayouna est dans le théâtre tunisien celle qui passe des textes d'un univers à l'autre, celle qui maintient un cap clair et revendique la tunisianité des textes du répertoire international, ceux des dramaturges les plus modernes et les plus exigeants.
Cette artiste a fait, il y a vingt ans ses premiers pas aux côtés de Fadhel Jaïbi, comme assistante sur "Les Amoureux du café désert". Elle a ensuite poursuivi son parcours surtout au Théâtre de l'Etoile du Nord dont elle est l'incontestable égérie et qu'elle a marquée du sceau de sa curiosité mêlée de grâce et de sens du partage.
Aujourd'hui, sa présence au TNT est un retour auprès de Jaïbi qui en est l'actuel directeur mais aussi un approfondissement de ses recherches antérieures. A ce titre "Bis..." porte la griffe de Sonia Zarg Ayouna qui, tout en offrant un banc d'essai à cinq jeunes, restitue l'univers et les atmosphères qui ont fait sa notoriété et son succès international.
L'aphorisme d'Horace, la matrice grecque et les méandres du désespoir
D'une durée de 65 minutes, cette nouvelle création du TNT avec le JTN est d'abord une performance d'acteurs soutenus par un texte omniprésent qui, puissant ou chuchoté, fait de soliloques ou d'interpellations, structure la mise en scène.
Minimaliste, au cœur d'une lumière blafarde et signifiante, la mise en scène s'attarde non pas sur une histoire, un quelconque récit mais sur des instants suspendus, abstraits, qu'on dirait surgis du vide sidéral qui taraude des êtres en quête de sens.
La folie ou la nostalgie ne sont jamais loin, alors que Prométhée semble guetter en chacun des personnages le moment de renaître, la promise épiphanie, le retour de la conviction.
Car, "Bis..." est la chronique d'un vacillement mais aussi l'éloge de tous les possibles. Les personnages ne sombrent pas mais se livrent à une manière de maïeutique, une auto-analyse dont ils seraient les démiurges triomphants mais aussi les patients accablés.
Zargayouna, sans effets factices, par les voix, les gestes et la lumière parvient à rendre ces anabases laborieuses. Ces introspections entre douleur et instinct de survie.
Au final, ce sont des humains qui, devant nous, découvrent leur fragilité ultime, se ressaisissent pour rechuter, abolissent la panique pour mieux s'égarer dans les méandres du désespoir. Au bout d'une longue métaphore, c'est le théâtre, au sens étymologique, qui renaît, celui du ""fatum", de l'être écrasé, de la divinité cynique qui tisse ou coupe le fil des destinées.
C'est une tragédie grecque qu'on dirait écrite pour le patio d'une maison arabe qui se déroule sous nos yeux qui, à la fois, redécouvrent l'universel du théâtre et la singularité de chaque voix, chaque être, chaque destin.
"Bis repetita placent": placée sous le signe de l'aphorisme d'Horace, la nouvelle création de Sonia Zarg Ayouna place chaque individu face aux liens inextricables du mythe et de l'histoire, des valeurs et des trahisons de soi, de l'espoir et du doute qui revient, pour ne pas parler du puzzle d'une révolution qui, subrepticement, apparaît en filigrane de quatre vies en miettes...


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