Le Temps: Une première question qui étonne et taraude grandement l'esprit de tous les observateurs de la place, Comment au bout de quatre années d'un exil doré passées à jouir de l'Eldorado Qatari et plus exactement au sein de la chaine "Bein Sport" avec son pont en or en qualité d'un analyste éclairé, vous débarquez à Gafsa aux finances ,que nous respectons, mais qui ne peuvent en aucune mesure souffrir la comparaison même lointaine avec les avantages dont vous bénéficiiez au Khalij? - Kaïs Yakoubi: Je vais vous étonner en vous répondant que le " virus" du banc, des terrains qui me rongeait était à l'origine de ma renonciation à tous les avantages que vous venez de citer à raison d'ailleurs avec gros salaires et qualité de vie de choix. J'ai pris cette décision " étonnante" pour vous reprendre en dépit des turbulences , de l'instabilité voire du chaos caractérisant notre pathétique football. Passe si vous aviez opté pour votre maison mère le CA comme attendu et ardemment espéré par le plus clair des inconditionnels clubistes qui souhaitaient ardemment votre arrivée, avec participation à la Champion's League, implication aux challenges haletants et pentus mais... - ( Nous interrompant) Je ne souhaite pas m'étendre sur cette question. Je me contente simplement de dire que le destin en a voulu ainsi sans entrer dans les détails. Je précise qu'aimant de nature à relever les défis les plus fous, les plus insensés, je n'ai pas hésité une seconde à accepter la proposition du président Gafsien que je remercie pour la confiance placée en ma personne en dépit de ma désertion des terrains depuis quatre années. Je suis excité par ma nouvelle aventure que je tiens mordicus à mener à bon port.Je vous rappelle qu'en 2005, j'avais osé prendre en main l'EOGK dans une situation désastreuse et pratiquement similaire à El Gaouefel et qu'au bout de 11 journées nous sommes parvenus à sauver les meubles du naufrage. Sachant pour la petite histoire que j'étais à Tunis pour une petite semaine de vacances auprès des miens quand je fus approché par les Gafsiens. Avouez que l'affaire ne se présentait pas sous les auspices les plus encourageants avec seulement un petit point au compteur sur les 21 mis en jeu en sept sorties, une dernière affamante place , une défense passoire ayant encaissé 12 buts et une ligne avant en pleine léthargie, dormant du sommeil des justes avec seulement 4 réalisations à son actif? - Quoique bien loin du pays, il n'empêche que je suivais de très près notre compétition. Je savais pertinemment qu'à Gafsa pas moins de 6 à 7 joueurs cadres très valables pouvaient me permettre d'ériger mon édifice en les utilisant comme base de départ en attendant les recrutements à venir. Rappeler que pas moins de 14 éléments ont été priés d'aller chercher preneur ailleurs. De plus, les conditions de travail sont excellentes avec l'infrastructure à Gafsa figurant parmi les plus pentues du pays. Une des meilleures pelouses sous nos contrées, un terrain annexe en parfait état, une salle de musculation des plus modernes et un hôtel attenant le complexe sportif le tout situés assez loin du tumulte de la ville, de la pollution et donc de nature à favoriser la concentration et la quiétude des troupes. Comment donc expliquer ce départ désastreux d'EGSG ? - Inutile de ressasser à satiété et jusqu'à la nuit des temps les raisons assez complexes ayant freiné voire inhibé la bonne marche du club. L'essentiel pour l'heure est de trimer, de s'échiner, de suer à sang et à eau pour récupérer le temps gaspillé et le terrain perdu. Tout le reste n'est que littérature, balivernes ne rimant et ne menant strictement à rien. Pourtant toutes les voix à Gafsa avaient à maintes reprises stigmatisé l'arbitrage, la malchance, le manque de lucidité et d'expérience des joueurs aux moments fatidiques? - Et quand bien même cela nous avancerait à quoi de continuer à pleurer dans chaumières et de nous lamenter ? Non, l'arbitrage, le poteau rentrant ou sortant, la maladresse des uns et des autres et bien de futiles et non moins nombreuses allégations encore ne font point partie de ma vision des choses. Seul le travail compte et devient, à force de persévérance, payant avec les dividendes à cueillir à l'arrivée. Le hasard faisant bien ou mal les choses, votre première réapparition dans notre compétition a curieusement coïncidé avec la venue du CA à Gafsa. Une sensation particulière éprouvée lors de ces retrouvailles? - Bien entendu mais en professionnel je me devais de jouer pleinement mon rôle auprès de mes protégés. Pour la petite histoire j'ai joué par le passé contre le CA. Non, le match a pris une dimension grandissime du fait qu'une semaine à l'avance et sur le plateau TV d'une émission sportive, j'ai disséqué sans le moindre détour, sans la moindre complaisance les maux dont souffrait le CA. Je ne me suis pas immiscé dans les affaires techniques, mais seulement en qualité d'un fervent supporter j'ai mis " objectivement" en exergue les discordances frappantes gangrénant les rouages administratifs. La rencontre des Clubistes a Gafsa a enfoncé le clou prouvant si besoin était à la ronde que mon analyse antérieure était des plus pertinentes, des plus exactes. Mais bon passons... Vous enchainez tout de même en un laps de temps très court avec de probants résultats. Le secret de cette réussite ? - J'ai insufflé ma personnalité à mes poulains. Je suis gagneur de nature, donc notre jeu s'est inéluctablement orienté vers l'offensive en mettant une bonne fois pour toute en bémol le système cadenassé derrière en s'amassant devant notre cage avec refus du jeu et dégagement du cuir à l'aveuglette. Quitte à vous surprendre, je préfère perdre en ayant produit un volume de jeu respectable, plaisant plutôt que de gagner sur un contre heureux en ayant converti les miens en déménageurs. En un mot je tiens à ce que mes poulains allient plaisir et efficacité. C'est plus sympathique de la sorte. Louable comme approche, encore faut-il avoir sous main le "matériel et l'étoffe" idoines pour s'y adonner? - Ce sont les joueurs avec leur profil, leurs qualités, leurs capacités qui imposent la tactique à préconiser par le staff. Et pour l'heure je n'ai pas à me plaindre à ce propos. La mayonnaise entre anciens et nouveaux prend lentement mais sûrement d'autant que j'ai tenu à ce que toutes les nouvelles recrues répondent à deux axes primordiaux: un âge moyen de 29-30ans donc des éléments à l'expérience consommée. En second lieu la compétitivité car à ce stade je ne peux me permettre d'enrôler des joueurs manquant de compétition, faisant tapisserie sur les bancs ou dans les travées avant d'atterrir chez moi. Les Guelbi, Besson, Harrane, Slama, Jaziri, Sraïeb, Amara répondent parfaitement à ces critères. Les automatismes commencent à prendre forme et les mécanismes de la machine à se huiler convenablement. Pourtant vous avez bien souffert durant cette épopée infernale de sept matches en 20 jours? - Si des écuries de la trempe de l'Espérance ou de l'Etoile tellement richement " achalandées" en solutions pointues de rechange avaient fini à la longue par accuser le coup que dire de nous alors , avec une hécatombe de blessures et de suspensions ? J'ai du terminer les quatre dernières rencontres avec seulement 13 joueurs couchés sur la feuille du match dont cinq parmi eux appartenant à la catégorie (Elites-Espoirs) et qui ne se sont jamais entrainés avec moi! La parenthèse coupe n'a pas été couronnée de succès avec cette élimination surprise au Fahs devant un illustre divisionnaire? - Vous savez en coupe point de favoris en puissance et toutes les écuries de quels paliers qu'elles soient partent à chances égales. Nous avons manqué de réussite mais je n'en fais pas un plat. C'est peut-être quelque part bénéfique et à à quelque chose malheur est bon comme on dit du moment que nous n'allons concentrer nos efforts et notre attention que sur le volet maintien sans nous disperser en courant deux lièvres à la foi.