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« Je considère que la lecture est une industrie, la question est comment fabriquer un lecteur »
Publié dans Le Temps le 14 - 02 - 2016

Bientôt les férus de la lecture seront au rendez-vous de la 32ème édition de la Foire internationale du livre qui aura lieu, du 25 mars à 3 avril, au Parc des expositions du Kram. Nous avons rencontré le directeur de cette édition, l'universitaire et spécialiste de langue et lettres arabes, le professeur Adel Kheder, pour nous entretenir de la question du livre, des invités, des thématiques et de l'animation culturelle. Interview.
Le Temps : Le Tunisien et le livre, une relation de plus en plus régressive. Pensez-vous qu'il y aurait un bon public visiteur de la foire ?
Adel Kheder :Avant d'être directeur, j'étais comme tout le monde visiteur de la foire depuis sa première édition jusqu'à devenir, à partir de 2012, membre du comité culturel. J'ai observé trois types de visiteurs: celui qui possède le pouvoir d'achat et trouve des livres à son goût et à sa guise. Celui qui se contente de découvrir les nouvelles publications, mais qui ne peut pas les acheter, faute d'argent. Et finalement, celui qui visite la foire sans avoir l'intention d'acquérir des titres. Evidemment, ceci se répercute négativement sur les éditeurs et les exposants, notamment les étrangers qui engagent beaucoup de frais pour exposer leurs produits et souvent gagnent moins ! Nous espérons que ce ne sera pas le cas cette année et que la foire attirera un bon nombre de visiteurs.
Comment pourrait-on aiguiser l'appétit à la lecture et motiver le Tunisien à acheter un livre?
A mon sens, il ne s'agit pas de problème d'appétit à la lecture. Je considère que la lecture est une industrie, la question est comment fabriquer un lecteur ? Ceci pourrait se réaliser par le biais des écrivains de calibre, c'est-à-dire, bien réputés telle une marque déposée. Pareillement pour les maisons d'édition. La fabrication des noms des écrivains et des éditeurs attire en quelque sorte, les lecteurs et excitent leur curiosité. Enfin le pouvoir d'achat est un élément essentiel pour répondre au besoin d'acquérir un livre. Justement, cette année, nous avons pensé à activer le pouvoir d'achat à travers la création des coupons. Madame la ministre a apprécié cette idée, et en ce moment, nous sommes en train d'effectuer les démarches administratives qu'il faut pour donner la crédibilité idoine à l'idée du coupon. Chaque carnet aura la valeur de 100 dinars, que nous distribuerons sur les institutions. Ces coupons seront valables juste la durée de la foire. C'est une manière de motiver le Tunisien et indirectement l'éditeur qui pourrait aisément vendre ses produits.
L'exposant tunisien bénéficie-t-il des privilèges par rapport à son homologue étranger ?
Absolument, il paie moins que l'étranger et s'il participe au sein de l'Union des Editeurs tunisiens, il a une remise de 20%. C'est l'exposant étranger qui paie le plus cher ! Le mètre carré revient à 90 dollars, en plus des frais du transport et de location. Or, souvent, ces derniers perdent plus que leurs dépenses. Si cela va continuer, nous craignons que la foire perde aussi son trait international et devienne locale. C'est pour cette raison que nous avons réfléchi à l'idée du coupon. Nous ne prétendons pas que cette initiative aboutira à 100% cette année, mais nous réussirons progressivement en instaurant la tradition, comme d'ailleurs, dans les grands espaces commerciaux. Ce n'est pas une solution radicale, c'est quand même une initiative pour apporter du soutien au visiteur et à l'exposant.
En parallèle de la foire internationale, avez-vous pensé à organiser quelques expos dans la Tunisie profonde ?
On essaie avec le ministère de l'Education, le ministère de l'Enseignement supérieur et le ministère de la Jeunesse, d'organiser de minuscules expositions. Il y a aussi l'internet, on mettra en ligne, les listes des livres qui seront exposés dans la foire, de cette manière, on pourra consulter les listes avant de venir. Il y aura de diverses activités culturelles dans les régions intérieures, des ateliers, des clubs, et ce par le biais des directions régionales de la culture. Notre vrai souhait est que la foire ait des échos dans les différents lieux du pays, même les régions les plus intérieures, que tous puissent accéder au livre. Notre ultime objectif est de créer un bon lecteur, et qu'on puisse distribuer le livre dans les régions démunies.
Et la part de l'enfant dans tout cela ? Nous savons bien que les bibliothèques au sein des institutions scolaires sont quasiment pauvres en livres.
Certainement, il y a une réelle prise de conscience de l'appauvrissement des établissements scolaires en matière de livre et de la négligence de la lecture de la part de nos élèves. C'est une question fondamentale, car on crée un lecteur à partir du jeune âge. Dans nombreux établissements, Il n'y a même pas de salles de lecture. Bien sûr, la foire ne répond pas à une stratégie générale de la lecture, ce n'est qu'une fête du livre. J'ai promis d'organiser une foire locale annexe à la foire du Kram, d'encourager les caravanes des livres qui pourraient nourrir en quelque sorte certaines bibliothèques. Nous avons prévu plusieurs ateliers pour l'enfant, entre autres un atelier intitulé « l'enfant crée un livre ». Avec le soutien du ministère de l'Education, il y aura un concours d'écriture pour les enfants de 10 à 12ans, qui composeront une histoire variant entre 1800 à 2000 mots. Les auteurs des histoires primées de chaque gouvernorat, seront encadrés à la foire, par des spécialistes en design pour la conception de leurs livres pendant six jours, et finiront par être imprimés. Aussi, un autre atelier important« l'enfant crée un timbre postal ». Le timbre primé sera acheté et édité par la direction postale. D'autres ateliers seront animés à la foire : calligraphie, « fdaoui » le conteur, des représentations théâtrales et des lectures libres.
Quelle est la spécificité de cette édition ?
En rédigeant l'édito de cette édition, j'ai mis l'accent sur l'idée de « la saison du retour au livre ». Le livre revient naturellement chaque année, mais, ce sont les lecteurs qui l'ont en quelque sorte abandonné. Je désire que cette année, la foire soit un aimant magnétique capable d'attirer le plus grand nombre de visiteurs et de lecteurs. Pour que le champ magnétique soit puissant, il faut absolument travailler sur la communication et sur la dimension festive de la foire qui sera animée par les jeunes pour aiguiser leur l'appétit. Nous avons aussi pensé à une journée nationale de la lecture, peut-être sera-t-elle organisée à l'avenue Habib Bourguiba un certain dimanche. Au niveau de la politique culturelle de la foire, cette année, il y a un certain changement, avant, ce n'est plus uniquement la commission de la foire qui propose le contenu de l'édition ; cette fois, nous avons adopté une politique participative, nous nous adressons aux institutions, aux universités, aux centres de recherche, à l'ALEXO, pour proposer des colloques, des séminaires, des thématiques. D'ailleurs l'Institut Arabe des Droits de l'Homme participera à cette édition. La foire sera bien animée de 10 h du matin jusqu' ‘à 9h du soir. il y aura un espace pour la lecture libre même pour les auteurs qui ne sont pas forcément publiés, un espace pour le printemps du livre tunisien, un espace pour la signature de nouvelles publications. La maison du Sud célébrera ses 40 ans, la librairie al kitab présentera son programme culturel. Concernant les invités, je ne peux pas pour le moment, donner officiellement une liste des noms. Nous n'avons pas encore de vraies confirmations. Il y a une certaine hésitation pour quelques-uns vu la situation du pays. A priori, il y a l'écrivain Hédi Kadour, le penseur George Tarabichi, le penseur libanais Nassif Nassar, l'écrivain irakien Ali Badr. On essaie d'inviter Patrik Modiano, qui a eu le prix Nobel et Amine Maalouf, Régis Debray, Tahar ben Jalloun, le Goncourt sera présent parce que l'invitée d'honneur sera la France.
Justement avez-vous prévu des précautions quant à la sécurité de la foire, des visiteurs et des invités ?
Bien sûr, la foire sera sécurisée. On a pris des mesures mais soyons réalistes on ne peut pas anticiper ou gérer les imprévus. Nous avons pris la précaution d'éviter l'encombrement en installant deux scanners et préparer de bonnes conditions pour les visiteurs et les invités.
Quelle est la thématique principale de la foire ?
Nous allons organiser un grand séminaire sur le thème de la culture contre le terrorisme qui est, en réalité, une continuité des efforts des intellectuels tunisiens commencés le mois d'aout dernier. Il y aura des débats autour de quatre questions : l'intellectuel et la violence, le terrorisme et la loi, le terrorisme cybernétique et le terrorisme et l'environnement. Nous allons aussi célébrer Cervantès pour ses 400 ans. Au total, nous avons 8 grands séminaires dont trois sont internationaux. Nous allons gérer le programme de telle manière qu'il n'y aura pas un télescopage entre les activités, ce sera bien aéré.
Votre dernier mot.
Justement, si on veut lutter contre la pensée terroriste, nous devrons absolument créer de bons lecteurs dès le jeune âge, depuis l'école. Nous refusons catégoriquement que les régions démunies soient des pépinières pour le développement de l'esprit obscurantiste. Nous devrons installer des bibliothèques et encourager à la lecture partout. Il faut reconnaitre qu'il y a des associations qui travaillent à fond sur cet objectif. La société civile s'en occupe bien. Mais nous sommes aussi appelés à travailler sur l'infrastructure des espaces pour la lecture, tout en faisant participer les élèves eux-mêmes, les motiver pour la création de leurs bibliothèques. la lutte contre le terrorisme se réalise avec les livres et non pas avec des armes ! C'est la littérature, la culture et l'art qui l'emporteront !


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